Les monnaies des pays de l'Est sous le feu de la spéculation

Un sérieux coup de froid s'est abattu sur les monnaies des Peco, les pays d'Europe centrale et orientale, celles-là mêmes qui avaient tenu la vedette sur le marché des changes jusqu'au retournement du dollar fin juillet. Toutes sont entraînées dans une spirale baissière inquiétante, dans la foulée de la chute de la maison Russie, l'ancien tuteur des pays de l'ex-rideau de fer. Une lourde menace pèse sur l'avenir de ces monnaies, si l'on en croît le stratège change de Morgan Stanley, Stephen Jen, qui pointe sur elles un risque plus prononcé encore que sur le reste du monde émergent. Elles font les frais du tarissement des flux de capitaux dans le monde, conséquence de la crise financière et de ses répercussions sur l'économie réelle, à l'échelle internationale. Elles payent aussi les excès d'une consommation débridée, corollaire des années de crédit facile, qui a lourdement creusé le déficit de leurs balances courantes. En moyenne les déficits des Peco sont largement supérieurs à ceux des autres pays émergents, toutes zones confondues. Une situation qui rappelle singulièrement celle des pays d'Asie avant le déclenchement de la crise de 1997-1998.Il aura fallu un traitement de choc pour tempérer les attaques sur la plus fragile d'entre elles : le forint hongrois, qui a cédé 27 % de sa valeur en trois mois face au dollar, dont 7 % au cours de la seule séance de mercredi dernier et 15 % vis-à-vis de l'euro.GESTE EXCEPTIONNEL DE LA BCEJeudi, dans un geste tout à fait exceptionnel, la Banque centrale européenne a annoncé qu'elle allait prêter jusqu'à 5 milliards d'euros à son homologue hongroise, qui ne fait pas partie de la zone euro, pour l'aider à assurer la liquidité de son système bancaire national.Les pays Baltes, réputés solides, ont été entraînés dans la tourmente par la quasi-faillite de l'Islande. Le déficit de la balance des paiements courants de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie dépasse désormais 15 % du PIB, entraînant des pressions baissières sur leurs monnaies. La couronne, le lats et le litas ont tous trois cédé plus de 15 % face au dollar en trois mois. S'ils bénéficient du parapluie de l'euro en ayant partiellement lié le sort de leurs monnaies à celle des Quinze, ils risquent d'être contraints, si les flux de capitaux s'assèchent, à relever fortement leurs taux pour préserver ce simili " peg ". La dégradation est encore plus sévère en Bulgarie, dont le déficit courant frôle les 20 % du PIB : sa monnaie, le lev, elle aussi artificiellement rattachée à l'euro, a cédé 15 %. Et en Roumanie, le leu est en baisse de 19,5 % depuis le milieu de l'été.Les trois monnaies stars de la première partie de l'année, qui volaient de record en record face à l'euro, sont désormais les trois plus attaquées. La couronne tchèque, qui s'était vu décerner la palme de la monnaie la plus performante du monde au premier semestre, a cédé 23 % depuis août, tout comme le zloty polonais.Seule la couronne slovaque, qui faisait partie du trio, tire son épingle du jeu, faisant jeu égal avec l'euro qu'elle sera la seule à intégrer le 1er janvier prochain. Hormis cette rescapée des Peco, future membre de la zone euro, la région est désormais en alerte monétaire rouge.
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