L'industrie d'outre-Rhin en surcapacité

llemagneUn grain de sable est venu mercredi déranger le mécanisme du retour à la confiance en Allemagne. L'indice des prix à la production a en effet connu en juillet une baisse de 7,8 %, qui ne s'était encore jamais vu depuis la création de la statistique en 1949. Sur un mois, la chute est de 1,5 %. Des chiffres qui montrent qu'un spectre plane encore sur l'Allemagne, celui de la déflation. D'autant que les prix à la consommation sur le même mois ont également piqué du nez : ? 0,5 % sur un an. C'est le premier chiffre négatif annuel enregistré depuis 1987. effet d'optiqueEt pourtant, ce spectre est largement grossi par l'effet d'optique des prix de l'énergie. Hors énergie, les prix n'ont ainsi reculé en juillet que de 0,2 % sur un mois et de 3,6 % sur un an. C'est la baisse du fioul domestique et de l'électricité (respectivement de 8,4 % et de 5,4 %) qui a pesé le plus. Selon BNP Paribas, le décalage entre la chute des prix du pétrole et ceux de ces produits explique ce recul massif. Un phénomène qui se remarque aussi sur les prix à la consommation qui, hors énergie, ont progressé de 1 % en juillet sur un an.C'est donc un phénomène de désinflation plus que de déflation qui touche l'Allemagne. Et pourtant, ce chiffre publié mercredi est loin d'être rassurant. Le recul des prix hors énergie, même modeste, est en effet une nouvelle preuve que l'industrie allemande demeure en surcapacité, malgré le recul de 18 % sur un an de la production industrielle et l'usage généralisé du travail partiel pour fermer les sites. Malgré la stabilisation conjoncturelle, le phénomène devrait se poursuivre. Certes, les industriels vident actuellement leurs stocks et il faudra bien qu'ils les reconstituent. Mais cela ne suffira pas et le niveau de la demande risque durablement de demeurer faible. Chez BNP Paribas, on estime donc que la baisse des prix à la production devrait se poursuivre « sur une longue période ». Voici qui n'est pas de bon augure dans un pays où l'industrie compte pour un quart du PIB et un cinquième des emplois.Car pour répondre à cette pression durable sur les prix, à une demande encore faible et au coût élevé du travail partiel, plus d'une entreprise n'aura d'autres choix que de réduire ses effectifs. Les perspectives sur ce point sont d'ailleurs inquiétantes. Alors que la Deutsche Bank n'hésite pas à évoquer le chiffre de 5 millions de chômeurs en 2010, la Bundesbank table, elle, sur 4,4 millions, soit 1 million de plus qu'aujourd'hui. Cette poussée du chômage pourrait alors bouleverser la fragile reprise à laquelle nous assistons en incitant les Allemands à préférer l'épargne à la consommation. Romaric Godin
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