Que font les touristes de leur argent ?

Officiellement, ils viennent pour visiter le château de Versailles, monter sur la tour Eiffel, se baigner sur la Côte d'Azur ou skier à Courchevel. Pourtant, la France, qui reste le pays le plus visité au monde, a un autre atout aux yeux des étrangers : ses boutiques de luxe et ses grands magasins. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les dépenses que les touristes venus de tous les continents déclarent lorsqu'ils rentrent chez eux.Pour bénéficier de la détaxe, 2 millions de ressortissants de tous les pays, excepté les membres de l'Union européenne, ont gardé l'an passé leur facture afin de récupérer une partie de la TVA. Et selon Global Refund, le principal organisme qui se charge de ce remboursement au niveau européen, c'est en France qu'ils dépensent le plus. Sur les douze derniers mois, leurs achats ont assuré 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires aux magasins de l'Hexagone. Mieux, " en dépit de la crise financière, ces dépenses ont progressé de 4,3 % à Paris entre septembre 2007 et 2008 ", annonce à La Tribune Jean-Marc Leroy, directeur général de Global Refund en France. En moyenne, durant leur séjour, chaque touriste a consacré 860 euros aux achats de produits détaxés - uniquement des biens durables. C'est 47 euros de plus qu'il y a un an.Le développement des ventes de produits détaxés est spectaculaire et il ne devrait pas s'arrêter de sitôt. Sur les cinq dernières années, elles ont bondi de 50 %. Elles devraient encore bien progresser en dépit des risques de récession, puisque sur les 10 à 11 millions de touristes susceptibles de profiter de ce remboursement de taxes, 80 % n'y ont pas recours. La montée en puissance du tourisme dans les pays émergents réjouit d'autant plus les gérants de magasins qu'une partie croissante de ces nouveaux visiteurs ont des portefeuilles bien garnis. La Chine, par exemple, compte plus de millionnaires que la France. Là encore, les chiffres de Global Refund sont édifiants. Les dépenses des Japonais et des Américains sont en chute de plus de 20 % cette année, alors que les Russes et les Chinois n'ont jamais dépensé autant durant leur séjour en France.BOYCOTT CHINOISLe boycott prôné par Pékin ne semble pas avoir porté ses fruits. Depuis le début de l'année, les Chinois ont encore augmenté de 22 % (par rapport à la même période en 2007) leurs achats dans les boutiques de l'Hexagone, essentiellement dans la mode. Ils apprécient notamment de faire leurs courses dans les grands magasins du boulevard Haussmann, à Paris. Voilà pourquoi à lui seul, le IXe arrondissement concentre les deux tiers de leurs achats dans la capitale. Compte tenu du nombre croissant de leurs ressortissants qui viennent à Paris, ils assurent à eux seuls 11 % des ventes de produits détaxés à Paris et talonnent désormais les Russes (12 %).Mais, contrairement aux Chinois, les riches Russes ne se contentent pas de faire du shopping à Paris. Ils butinent aussi sur la Croisette, à Saint-Tropez et à Nice. Selon Global Refund, un quart de leurs dépenses ont, par exemple, été effectuées cet été sur la Côte d'Azur. Depuis trois ans, ils se rendent aussi en grand nombre dans la station de Courchevel, déjà prisée par la clientèle aisée du Royaume-Uni ou de l'Arabie Saoudite. " Les 30.000 Russes reçus chaque hiver dépensent autant que 300.0000 Français ", constatent les professionnels de la station. Un récent article paru dans un quotidien russe, dénonçant les arnaques subies par les Russes à Courchevel, a soulevé un vent de panique dans la station. En effet, cette dernière ne peut plus se passer de ces touristes dépensiers.Primus inter pares dans le classement des Slaves les plus fortunés, les Russes ne sont pas, pris individuellement, les plus dépensiers. Leur orgueil dût-il en souffrir, ils sont devancés par les Ukrainiens, dont le salaire moyen ne dépasse pourtant pas 200 euros. Quand les premiers achètent en moyenne pour 1.556 euros de produits détaxés, les seconds se contentent de 1.154 euros. La boulimie d'achat des riches Ukrainiens n'est pas nouvelle. Ces dernières années, ils dépassaient même les Saoudiens. Ces derniers, forts de leurs pétrodollars, ont retrouvé aujourd'hui leur première place sur le podium avec un panier moyen de 1.560 euros. Les recettes générées par les produits détaxés s'ajoutent à la manne qu'apportent à la France les 68 millions d'étrangers qui la visitent chaque année.Ces derniers dépensent par an près de 37 milliards d'euros dans les hôtels, les restaurants et autres services. Ce n'est pas encore assez aux yeux du gouvernement qui souhaite les inciter à rester plus longtemps. Son modèle ? L'Espagne, qui, bien qu'accueillant moins de tourisme, parvient à en tirer un avantage financier plus important. 15 % de son PNB est assuré par les dépenses de ceux qui passent leurs vacances ou leurs week-ends.Comment fonctionne la détaxeSeuls les touristes ne résidant pas dans un des 27 pays de l'Union européenne peuvent obtenir le remboursement de la TVA. Pour cela, ils doivent se plier à certaines règles. En France, seuls les achats de biens, pour un montant total de 175 euros (cette somme est variable d'un pays à l'autre) réalisés dans un même magasin le même jour, peuvent bénéficier de la détaxe. Les produits doivent être emportés par le client et présentés en douanes lors de sa sortie du territoire. Global Refund, société de droit suédois, créée il y a vingt-cinq ans, détient une part de marché de 80 % sur le remboursement des taxes grâce à une présence dans 37 pays sur 5 continents. La société est détenue par Barclays Private Equity depuis la fin 2007.
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