Pina Bausch en terrain connu

On aimerait dire que c'est un événement. Et pourtant, depuis trente ans qu'elle y est imperturbablement programmée chaque année, Pina Bausch au Théâtre de la Ville, c'est un peu devenu une routine. Or, la routine n'augure jamais rien de bon. Reste que le rendez-vous fait toujours salle comble et se conclut invariablement sous les bravos, même lorsque la chorégraphe déçoit. C'était le cas l'an passé avec « Bamboo Blues » et ses chorégraphies d'inspiration indienne. La troupe, qui s'était rendue à Calcutta, avait tiré du voyage quelques tableaux bien fades où les danses lascives alternaient avec de petits sketches comme « Pina » a l'habitude de nous en servir. Les robes étaient longues et soyeuses, le décor laissait place à d'amples voiles qui ondulaient généreusement au vent. C'était en 2008.En ce mois de janvier 2009, la nouvelle création de Bausch s'intitule « Sweet Mambo ». Les robes de soirées sont toujours aussi satinées et les voiles qui envahissent le plateau ondoient plus que jamais. Entre cette pièce et la précédente, il y a aussi peu de différences qu'entre les mots « Bamboo » et « Mambo ».solos douceâtres Pourtant faut-il rappeler tout ce que la chorégraphe allemande a apporté à la danse contemporaine?? À la tête du Tanztheater Wuppertal depuis les années 70, ses pièces ? du « Sacre du printemps » à l'emblématique « Café Müller » ? ont su régulièrement créer des électrochocs qui prenaient aux tripes autant qu'au c?ur. Avec force et inventivité.Dans « Sweet Mambo », on ne retrouve ni l'une ni l'autre de ces qualités. La force s'est diluée dans une succession de solos douceâtres. L'inventivité est devenue redite. Ici les femmes sont forcément faméliques et les cheveux tombent toujours droits et longs sur les épaules frêles. Les chorégraphies n'évoluent pas en terrain moins connu. On se dit qu'il ne manque plus que l'une des danseuses reçoive un seau d'eau en pleine face pour parfaire le schéma connu. La scène arrive au bout d'une heure. La martyre ne s'en prendra pas un, mais trois au visage. Olivier Le Floc'h « Sweet Mambo », de Pina Bausch, au Théâtre de la Ville jusqu'au 30 janvier. Rens.?: 01.42.74.22.77 ? www.theatredelaville-paris.com
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