« Le temps des fonds non réglementés est révolu »

La conférence de printemps de l'Association luxembourgeoise des fonds d'investissement (Alfi), les 17 et 18 mars, a été ouverte par une intervention remarquée de Luc Frieden, ministre luxembourgeois du Trésor et responsable de la place financière. S'agissant de l'affaire Madoff, Luc Frieden en a appelé très énergiquement au « sens des responsabilités des différentes parties en présence pour qu'elles trouvent le plus rapidement possible une solution extrajudiciaire ». Crise, Madoff, Ucits 4(2)? le président de l'Alfi, Claude Kremer, indique que l'industrie se trouve dans « une situation d'optimisme pos頻. Camille Thommes, directeur général de l'Alfi, explique pourquoi à « La Tribune ».Où en sont les travaux du groupe de travail de l'Alfi sur l'affaire Madoff ?L'Alfi Madoff Task Force (AMTS) regroupe des membres du conseil d'administration de l'Alfi et un représentant de l'Association des banques et banquiers luxembourgeois (ABBL), sous ma direction. Nous voulons identifier les thèmes majeurs en relation avec la fraude Madoff sur les plans légal, opérationnel, de régulation ou de communication et travailler sur des recommandations nationales et internationales pour le secteur des fonds d'investissement, lesquelles aideraient à mieux prévenir et détecter un comportement frauduleux. Nous venons de publier un rapport intermédiaire, le rapport définitif devant être diffusé en juin prochain. Il en ressort que le code de conduite actuellement en vigueur dans notre secteur doit être adapté en fonction des événements récents sur les aspects de gouvernance, d'organisation, de procédure et d'information aux actionnaires. S'agissant des responsabilités des dépositaires, la réglementation luxembourgeoise est parfaitement conforme à la directive Ucits. Toutefois, il apparaît indispensable, au niveau européen, de revoir le statut, le rôle et la responsabilité du dépositaire qui décide de confier des avoirs à des tiers. Nous consultons aussi toutes les parties prenantes au Luxembourg et dans les pays dans lesquels les fonds sont distribués. Enfin, nous avons rédigé des recommandations très concrètes à l'attention des fonds de fonds, pour leur permettre de valoriser correctement leur exposition Madoff.Comment l'industrie luxembourgeoise des fonds traverse-t-elle la crise ?Nous souffrons, bien sûr, comme tout le monde. Mais, en janvier, les souscriptions nettes ont été positives. La crise incite le G20 et l'Union européenne à mieux réglementer. Le temps des fonds non réglementés est révolu. Or il n'y en a jamais eu au Luxembourg. Nous sommes aujourd'hui la place réglementée la plus qualifiée d'Europe et donc la mieux à même de tirer son épingle du jeu.Vous avez annoncé votre volonté de vous intéresser dorénavant davantage aux investisseurs.Tant que le marché était régi par l'offre, il était logique que nous nous tournions surtout vers les promoteurs. Aujourd'hui, la demande est devenue le moteur de notre industrie. Les investisseurs veulent de la simplicité, de la transparence et surtout de la sécurité. Nous détectons les besoins futurs des épargnants partout dans le monde, et nos membres peuvent ensuite prendre la décision de créer tel ou tel produit.Le passeport global instauré par Ucits 4 permettra aux sociétés de gestion de fonds Ucits de les gérer dans tous les pays de l'Union européenne, sans y être nécessairement domiciliées.Ne risquez-vous pas de perdre des acteurs ?Nous nous attendons à ce que le texte de Ucits 4 soit publié en juin prochain. Nous aurons alors deux ans pour le transposer, ce qui nous laisse le temps de traiter les questions soulevées par la mise en pratique de cette gestion à distance. Des groupes disposant de sociétés de gestion dans plusieurs pays pourraient saisir cette opportunité. Mais nous avons de bonnes cartes pour convaincre ces groupes de conserver leur entité luxembourgeoise. Aujourd'hui, 75 % des fonds Ucits vendus dans plus de trois pays sont des fonds luxembourgeois, ce qui implique que les gérants connaissent déjà la Commission de surveillance du secteur financier et ont l'habitude de travailler avec elle. Enfin, ce passeport, sur lequel nous avions exprimé certaines réticences pour des raisons d'ordre juridique, réglementaire, technique et fiscal, n'est qu'un des six points de Ucits 4. Sur les cinq autres points, notre accord est complet, en particulier sur le nouveau prospectus « Kid » (Key information document), qui permettra une réelle comparaison des produits entre eux, en des termes intelligibles. n(1) Association luxembourgeoise des fonds d'investissement.(2) Ucits 4 (Ucits pour Undertakings for Collective Investment Schemes in Transferable Securities) est la future directive européenne sur les OPCVM.camille thommes, directeur général de l'Alfi (1)
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