Le dilemme de la hausse du Smic

SalairesEn ces temps de climat social tendu, le gouvernement cédera-t-il le 1er juillet prochain à la tentation du coup de pouce au Smic ? Depuis son élection en 2007, le chef de l'État a toujours refusé d'ajouter ce « petit plus », privilège de l'exécutif, à la hausse technique du salaire minimum. Pour éviter un phénomène de rattrapage des échelons situés juste au-dessus du Smic. L'Élysée entend maintenir cette ligne, surtout après la publication du rapport Cotis, qui a souligné la hausse des salaires en bas et en haut de l'échelle, alors que les rémunérations médianes évoluaient peu. Le hic, c'est que le contexte a changé. En 2008, sous l'effet d'une forte inflation, le Smic horaire avait augmenté de 3,2 % ? une première fois de 2,3 % au 1er mai, une seconde de 0,9 % au 1er juillet. Rien de tel en 2009. Principale base du calcul de la hausse du Smic, l'indice des prix à la consommation (hors tabac) des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé n'a progressé, en avril, que de 0,2 % sur un an. Certes, le chiffre de mai, qui sert de référence officielle, ne sera dévoilé que le 12 juin, mais il ne devrait pas être élevé. Conséquence, le Smic évoluera au 1er juillet uniquement en fonction de l'indice du salaire horaire de base des ouvriers. Selon les données provisoires du ministère du Travail, la hausse serait d'environ 1,4 %.L'enjeu pour l'exécutifEn l'absence de coup de pouce gouvernemental, la revalorisation du salaire minimum sera donc très inférieure à celle des années précédentes. L'enjeu, pour l'exécutif, est d'autant plus important que, selon une étude du ministère du Travail, 14 % des salariés du privé ont bénéficié, en 2008, de la progression du Smic. Soit 2,19 millions de personnes, auxquelles s'ajoutent 160.000 intérimaires et 620.000 salariés de l'État, des hôpitaux publics ou des collectivités locales.En outre, l'entrée en vigueur d'une nouvelle procédure pour la hausse du Smic complique encore la situation. En vertu de la loi sur les revenus du travail de décembre 2008, un groupe d'experts doit fournir au gouvernement des préconisations en matière de revalorisation du Smic. L'exécutif se sentira-t-il contraint de suivre les recommandations des experts ?Pour éviter d'accorder un coup de pouce, le gouvernement pourra arguer de ses efforts en faveur des plus défavorisés dans le cadre des ses mesures anticrise (exemption des deux derniers tiers provisionnels?). Il pourra aussi mettre en avant le fait qu'une nouvelle hausse du Smic interviendra le 1er janvier 2010. La loi de 2008 a, en effet, décalé le calendrier des hausses pour le faire mieux correspondre aux négociations sur les minima de branche. Avec, comme conséquence, une double revalorisation en l'espace de six mois?
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