e-commerceVoilà de quoi convaincre les plus sceptiques de la pertinence d'investir dans les sites de vente en ligne de chaussures. Amazon va débourser environ 900 millions de dollars, soit 630 millions d'euros, pour acheter Zappos.com. « Cela représente 22 fois son résultat d'exploitation. C'est une très belle valorisation ! » s'enthousiasme le cofondateur du site français Spartoo.com, Boris Saragaglia, à l'affût de nouveaux investisseurs. Réalisée par échange d'actions d'ici à l'automne, cette opération est la plus grosse acquisition signée par Amazon depuis sa création en 1995 par Jeff Bezos. Certains y verront un aveu d'échec. Connu pour vendre des livres, son premier métier, Amazon, désormais attrape-tout de l'e-commerce, n'a jamais fait mouche sur le marché de la mode. Pas même avec son site dédié, Endless.com, né en 2007. Dès lors, mieux valait procéder par croissance externe, a ainsi jugé Jeff Bezos, en s'offrant cette pépite.« C'est le mariage de deux business models fort différents : Amazon a industrialisé la vente en ligne tandis que le succès de Zappos.com tient au choix de son offre et aux relations qu'il cultive avec sa clientèle », juge Stéphane Treppoz, PDG de Sarenza.com. En dix ans, Zappos a hissé son chiffre d'affaires à près de 1 milliard de dollars en 2008. Son envol est à mettre au crédit de son actuel PDG, Tony Hsieh. Cet ingénieur diplômé de Harvard est connu pour avoir vendu le réseau Link Exchange, qu'il a créé, à Microsoft. Il en tire 265 millions de dollars. C'était en 1998, il n'avait alors que 24 ans. Un an plus tard, il rencontre Nick Swimmurn qui, dépité de ne pas trouver sa pointure, vient de fonder Zappos.com. Tony Hsieh y met ses économies, s'y investit et rallie le fonds Sequoia en 2004. Depuis, persuadé qu'une ambiance conviviale de travail facilite le business, il y cultive le bon-vivant. Le principe vaudrait en interne comme en externe. Salariés choyésZappos n'utilise aucun serveur vocal dans ses relations téléphoniques avec ses clients. Mieux : il leur accorde la gratuité non seulement lors de l'envoi de produits, mais aussi lors de leur retour dans l'année qui suit l'achat. Enfin ? fait rarissime aux États-Unis ? les 1.300 salariés Zappos bénéficient d'une couverture médicale de 100 %. Tous seront associés à la vente de Zappos à Amazon. Chacun touchera plus de 30.000 dollars cash ou en actions, à la suite de l'opération.Amazon assure vouloir conserver ce supplément d'âme. La direction actuelle reste en place, assure Jeff Bezos, en promettant que les deux sites avaient beaucoup à apprendre l'un de l'autre. Wall Street a salué l'opération. Le titre a gagné 5,3 % à mi-séance alors que le Nasdaq progressait de 1,6 %.

latribune.fr

06 Août 2009, 1:48

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