Les indemnités de départ prioritaires

Il y aura donc un avant et un après Amora. Unilever, propriétaire de la célèbre marque de moutarde, avait concédé à ses salariés, en mars 2009 lors de la fermeture de son usine dijonnaise, une « prime de préjudice » de 50.000 euros, somme venue s'ajouter aux indemnités légales. Depuis cette issue, nombre de conflits déclenchés en France suite à l'annonce de plans sociaux ou de fermetures de sites tournent au marchandage sur le montant des primes supralégales que veulent obtenir les syndicats.Pour tous, la somme versée par Amora est devenue la référence. C'est ainsi que les Conti de Clairoix n'ont pas accepté de signer d'accord avec leur direction tant que ce seuil de 50.000 euros par salarié n'avait pas été atteint. Mais au-delà du montant des chèques, ce qui frappe, c'est que, dans la quasi-totalité des grands et petits conflits récents, la négociation d'une prime ? baptisée « de reconnaissance » par exemple chez Tréfimétaux ? prend désormais le dessus sur toute autre revendication. Au point que chez Acetex Celanese dans les Pyrénées, la CGT a qualifié de « meilleur plan social de France » le versement d'une prime de 70.000 euros par salarié. La défense de l'emploi passe souvent au second plan comme en atteste le cas de Rieter. Au sein de cet équipementier automobile, installé dans la région parisienne, les syndicats ont proposé que soient revues à la baisse les conditions du plan de reclassement en échange d'une prime minimum de 6.000 euros par employé. Cette démarche qui n'a pas abouti, est révélatrice d'une tendance qui a de beaux jours devant elle. Peu enclins à croire qu'ils vont retrouver un emploi dans l'industrie, les salariés se résignent à se battre pour obtenir les meilleures indemnités possibles. Et malgré ses déclarations soulignant qu'une « prime, ça ne redonne pas un travail », Christian Estrosi est contraint d'entrer dans ce jeu. C'est sous son égide qu'ont par exemple eu lieu les discussions entre la direction et les salariés de New Fabris. Ces discussions, comme celles menées chez Nortel, portaient principalement sur? le montant des primes. Si les salariés font monter cette revendication sur le chèque de départ et son montant, c'est non seulement parce qu'ils la jugent légitime au regard des années consacrées à leur entreprise mais aussi parce qu'ils ont été inspirés par les récentes affaires de « parachutes dorés » obtenus par les dirigeants d'entreprise. À noter que si Amora a montré la voie sur la question des primes, sa valeur d'exemplarité s'arrête là. Les concessions du fabricant de moutarde ont été obtenues sans que les salariés aient recours à des méthodes violentes. Lucas Gros et A. E.Revendications inspirées par les récentes affaires de « parachutes dorés » obtenus par les dirigeants d'entreprise.
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