Il aurait pu fixer le rendez-v

Il aurait pu fixer le rendez-vous au théâtre Marigny où « Très Chère Mathilde » confirme son joli succès. Ou au Vingtième Théâtre où il met en scène une magnifique et très contemporaine « Médée », dans la version d'Anouilh. Mais c'est finalement à la gare du Nord que l'on retrouve Ladislas Chollat, un vendredi matin. Drôle d'endroit pour une rencontre culturelle ? Pas vraiment pour ce jeune metteur en scène toujours entre deux trains et surtout entre plusieurs projets. Car, non content d'avoir en ce moment deux pièces à l'affiche dans Paris, il est également metteur en scène associé à la Comédie de Picardie à Amiens et directeur artistique de « L'Oise au théâtre », festival de plein air consacré à un auteur, Jean-Michel Ribes cette année. La gare du Nord, il connaît bien donc, pour y faire parfois jusqu'à deux allers-retours dans la même journée.La pièce de la maturitéMais, surtout, Ladislas Chollat est un metteur en scène dont on n'a pas fini d'entendre parler. « Très Chère Mathilde », pièce d'Israël Horovitz avec Line Renaud et Samuel Labarthe, est sans doute pour lui la pièce de la maturité, celle où il a su affirmer son univers visuel particulier et sa direction d'acteurs. Le carnet d'adresses de Line Renaud, qui a réuni le soir de la générale Pierre Bergé, Ségolène Royale, Claude Chirac, Rama Yade et tant d'autres, a fait le reste pour la reconnaissance publique. « C'est évidemment une étape importante pour moi, mais aussi très perturbante », raconte-t-il. « C'est ma première incursion dans le théâtre privé, mais j'ai eu la chance d'avoir Pierre Lescure comme directeur de théâtre pour me laisser une entière liberté. Il a tout de même fallu m'imposer car j'étais un jeune metteur en scène face à une équipe plus expérimentée que moi. Également vis-à-vis d'Horovitz, qui est pourtant un ami. Mais, quand on monte un auteur, on le trahit forcément un peu. »Il en faut sans doute plus pour démonter ce stakhanoviste des planches. Gildas Bourdet, chez qui il a fait ses classes pendant six ans, ne tarit pas d'éloges sur son ancien assistant. « Il est d'une douceur extraordinaire, et il en a fait une force. Je l'ai vu obtenir des choses incroyables avec un calme exceptionnel. Il ne lâche jamais. J'ai même le sentiment que je me suis adouci à son contact ! » Raconteur d'histoiresDifficile, en effet, de ne pas trouver sympathique Ladislas Chollat. Ce genre de personne d'une simplicité enjouée, fidèle et entourée de collaborateurs de la toute première heure, enthousiaste et sincère. Toujours à la quête de nouvelles aventures théâtrales, dans les campagnes et les salles des fêtes où il monte cet été un Maupassant, dans les petites bibliothèques où il organise des lectures, dans des ateliers qu'il anime dans des lycées ou des prisons. « Je sais que la roue tourne. Aller dans les salles des fêtes à la rencontre d'un public rural me permet de revenir à l'essentiel, raconteur d'histoires. »On aime ses pièces, on est séduit par l'homme, on en vient à chercher la faille. Et, en contrepoints, on trouve des colères à la hauteur de l'engagement et de la passion. « Les gens qui ont connu mes colères m'en parlent encore ! Je pique des gueulantes froides, et je peux être très dur dans mes mots. Ça peut paraître facile à dire, mais l'injustice me fait perdre mon calme tout comme le manque de respect au théâtre. Je ne supporte pas les gens qui arrivent en traînant des pieds sur un plateau. Forcément, il y a un sacrifice dans nos choix, moi j'ai tiré un trait sur les enfants et sur plein d'autres choses, mais il faut assumer. Je peux me mettre en colère devant la passivité. J'ai envie de dire ?bougez-vous, vous ne vous rendez pas compte à quel point ça passe vite !? » Une angoisse résumée dans le titre de la pièce qu'il vient d'écrire, « Je ne serai pas au rendez-vous » que l'on devrait découvrir l'année prochaine.Aujourd'hui âgé de 33 ans, l'envie de se stabiliser commence à le titiller. Pour ne plus être entre deux trains ni deux appartements, à Paris et Amiens, il se verrait bien à la tête d'un théâtre. « Je voudrais renouveler l'image parfois un peu vieillotte du théâtre et le remettre comme quelque chose de festif où l'on peut être intelligent, mais joyeusement intelligent. Je voudrais aussi partager l'importance que le théâtre a eu dans ma vie. J'étais un enfant qui ne parlait pas, très réservé. Par exemple, le jour de ma sortie du collège, le surveillant général m'a demandé mon carnet de correspondance car il croyait que je ne faisais pas partie des élèves de l'établissement. Il ne m'avait pas vu en trois ans ! J'étais excessivement discret. C'est le théâtre qui m'a révélé. »Valérie Beck À VOIR« Très Chère Mathilde », jusqu'au 30 mai au théâtre Marigny, carré Marigny, Paris VIIIe, tél. : 01?53?96?70?00.« Médée », du 29 avril au 14 juin au Vingtième Théâtre, 7, rue des Plâtrières, Paris XXe, tél. : 01?43?66?01?13.Ce jeune metteur en scène a le vent en poupe. Il nous livre une magnifique « Médée » au Vingtième Théâtre dès mercredi.Ladislas Chollat, son train-train c'est le théâtre
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.