En Afrique du Sud, Jacob Zuma triomphe

« Zuma?! Zuma?! Tu es notre président?! Tu es notre guide?! » Devant le siège du Congrès national africain (ANC), la foule jubile au lendemain des élections, qui ont permis à l'ANC d'engranger 66,26 % des voix, selon un décompte partiel portant sur 90 % des bulletins. Sur scène, trois jeunes danseuses se déhanchent sous les confettis aux côtés du futur président. Comme d'habitude, Zuma entonne les chants de la lutte anti-apartheid. « C'est comme un rêve qui devient réalité, raconte, tout excitée, Letseka devant la scène. J'aime Zuma parce qu'au moins, il comprend la jeunesse. »Le charismatique et populiste leader zoulou a su aussi séduire les plus pauvres. Sur les trottoirs du township de Soweto, Leonard espère que maintenant les lendemains chanteront. Ce vendeur de boissons est persuadé que « JZ » lui permettra « bientôt d'avoir sa propre maison et un vrai travail ». Le père de famille gagne moins de 200 euros par mois. Il doit donc vivre sous le toit de son oncle et de sa tante, avec sa femme et ses deux enfants. Dans la première économie du continent noir, le taux de chômage frôle les 40 %.À Hillbrow, un quartier dangereux du centre-ville de Johannesbourg, Maria ne croit pas en Zuma, l'homme providentiel. « C'est le mandat de la dernière chance. Si, dans cinq ans, l'ANC n'a rien fait, je ne leur donnerai plus ma voix », explique la vieille dame, domestique au service d'une famille blanche d'origine anglaise. Dans un pays où on recense 50 homicides par jour, elle tremble pour ses trois enfants. Après avoir été victimes d'agressions et de vols, tous sont effrayés de sortir dans la rue.Consolation boit, elle, à la santé de la troisième place dans un bar branché de Newton, le nouveau quartier latin de la ville. Depuis le mois de décembre, elle est encartée au nouveau parti dissident de l'ANC, le Congrès du peuple (Cope). « En 15 ans, l'ANC n'a rien fait. Je suis sûre qu'un jour le Cope pourra la défier. » Joe Bartiss, Indien, ancien de l'ANC, a changé de camp. Il a voté pour l'Alliance démocratique, principal parti d'opposition du pays (16 % des suffrages selon les résultats provisoires). « Pour que notre démocratie fonctionne bien, nous avons besoin d'une opposition forte au Parlement. »électeurs effrayés À l'autre bout de la métropole, dans sa villa d'un quartier huppé, Cliff Norman a lui aussi choisi le parti d'Hellen Zille, la maire du Cap. Ce gérant d'une société d'assurance médicale est effrayé par le nouveau président. « Comment peut-on donner les rênes du pouvoir à Jacob Zuma qui a été poursuivi pour corruption et pour viol?? » Michael Walton s'en remet lui à Dieu. Descendant des colons hollandais, il croit toujours en l'avenir de la nation arc-en-ciel. « Grâce à notre seigneur, aujourd'hui, mes voisins sont indiens, allemands, noirs ou blancs et nous veillons les uns sur les autres. Alors, même si je ne les soutiens pas, je prie pour que le parti au pouvoir tienne ses promesses. »Sophie Ribstein, à JohannesbourgALEXANDER JOE/AFP
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