Airbus et Boeing à la recherche de 10 milliards de dollars de financements

La menace est moins forte pour Airbus et Boeing. Si le retrait partiel des banques et des fonds spéculatifs du marché du financement d'avions constitue l'un des risques majeurs pour les constructeurs d'avions, les deux rivaux ont trouvé une parade. Ainsi, le différentiel pourrait être en partie comblé. Alors que l'enveloppe globale des livraisons d'appareils dans le monde s'élève à près de 70 milliards de dollars en 2009, 25 milliards manquaient à l'appel en raison des difficultés des banques à assurer des crédits de longue durée. Un montant qui va sérieusement se réduire, à environ 10 milliards de dollars, selon des sources bancaires.Ceci grâce notamment à l'intervention de certains États européens pour le compte d'Airbus, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni (mais pas l'Espagne). Comme l'ont dévoilé « Les Échos » hier, l'État français va injecter 5 milliards d'euros dans le circuit bancaire, destiné aux crédits exports pour des clients d'Airbus mais aussi d'ATR (filiale à 50-50 entre EADS et Finmeccanica). Une contrepartie exigée par Bercy à l'obtention de la seconde tranche de recapitalisation des banques à hauteur de 10,5 milliards d'euros, annoncée le 21 janvier. Pourquoi?? Car même si la Coface (qui garantit les banques contre le risque de défaut de paiement des compagnies aériennes) a assuré en décembre au président d'Airbus, Tom Enders, qu'elle était prête à garantir plus de crédit, les banques n'ont pas suivi. « Elles ne jouent pas le jeu », criait-on chez EADS et Airbus. « Nous n'avons pas de liquidités », répondaient les banquiers. Une situation qui a attiré l'attention du chef de l'État, Nicolas Sarkozy.Le dispositif, sur lequel Bruxelles veut des «éclaircissements», devrait être finalisé cette semaine pour être totalement opérationnel d'ici à un mois. « Nous mettons de la fluidité dans les finances de nos clients », indique la secrétaire d'État chargée du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, qui se rend aujourd'hui à Toulouse chez Airbus et ATR ainsi que chez des sous-traitants. Avec ces 5 milliards d'euros, la France met la pression sur l'Allemagne et la Grande-Bretagne, qui, de source informée, étudient également un dispositif de même nature?: à la fois un apport de liquidités aux banques et une garantie plus large de leurs systèmes de soutien à l'export (Hermes en Allemagne et ECGD en Grande-Bretagne). Airbus estime que 50 % de sa production pourraient être financés grâce au soutien des crédits à l'export. Soit le même ordre de grandeur pour Boeing, selon un banquier. Airbus s'est d'ailleurs empressé de saluer le projet du gouvernement. Il lui permet en effet de lutter à armes égales avec son rival Boeing. Outre-Atlantique, l'US Exim Bank, la Coface américaine qui peut accorder des prêts, a proposé de doubler sa contribution aux ventes à l'export de Boeing, à 9 milliards de dollars. Un geste que peut se permettre cet organisme public « moins chahuté par la tourmente financière que les banques privées », assure-t-on à Paris.Ces mesures vont donc combler une partie du désengagement de 40 % des banques, qui financent 70 % des avions. Les constructeurs devront donc augmenter leur propre financement clients (3 milliards de dollars chacun, selon l'estimation d'un banquier) et accepter quelques annulations de commandes.Fabrice GliszczynskiL'état va injecter 5 milliards d'euros dans le circuit bancaire pour soutenir Airbus.
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