« Donner le sentiment que le pays est bloqué »

Huit syndicats appellent à une journée interprofessionnelle d'action et de grève le 29 janvier. L'unité syndicale est-elle de retour après tous vos différends ?Le contexte de crise a conduit les organisations syndicales à avoir une unité d'action et à se mobiliser le 29 janvier. Cela ne veut pas dire qu'on est d'accord sur tout. Aux côtés des syndicats, d'autres organisations ont également appelé à la mobilisation, comme les lycéens et les étudiants et le collectif Ni pauvres ni soumis.Quelles formes d'action privilégiez-vous à FO ?Nos instances ont appelé à une journée de grève interprofessionnelle et à manifester dans le secteur privé et dans le secteur public. Les deux modalités sont importantes. Nous ne faisons pas cela par plaisir car les salariés perdent de l'argent, mais c'est une nécessité. L'idéal serait qu'il y ait le sentiment que le pays est bloqué pendant une journée. Le président de la République s'apercevra alors qu'une journée de grève ça se voit ! Après ses déclarations, j'avais prévenu qu'il aurait un effet boomerang.La journée sera-t-elle massivement suivie ?Oui, car elle répond à une attente des Français. Ils sont inquiets sur leur pouvoir d'achat, la dégradation de l'emploi et la hausse du chômage. On ne peut plus leur dire qu'il n'y a pas d'argent dans les caisses de l'État. Le gouvernement a débloqué des aides en direction des banques, des entreprises, des agriculteurs? Dans le même temps, les salariés voient qu'ils n'ont rien eu depuis longtemps.N'y a-t-il pas un risque que ce soit un « one shot » ?C'est l'ampleur de la manifestation et des arrêts de travail qui va conditionner la suite. Si le gouvernement ne répondait pas à une forte mobilisation, il serait irresponsable. Les huit organisations syndicales se reverront d'ailleurs le 2 février pour décider des suites à donner au mouvement.Vos revendications prioritaires ?La première est le pouvoir d'achat. Avec un coup de pouce au Smic dont le montant reste à discuter. Il faut conditionner les exonérations de cotisation à la signature d'un accord salarial, ce qui ne coûterait pas un sou à l'État. Sans oublier les fonctionnaires qui n'ont pas obtenu l'année dernière le maintien de leur pouvoir d'achat. Depuis vingt ans, et pas seulement en France, il y a une déformation dans la répartition des richesses. Les augmentations de salaire permettraient de contrecarrer cette déformation.Quelles sont vos autres priorités ?L'emploi. Sur ce sujet, nous avons eu trois rencontres avec le président de la République, en trois mois. J'ai attiré son attention sur la situation de 200 entreprises. Parmi elles, certaines ont réellement des difficultés. Regardons comment l'État peut les aider. En revanche, certaines ? plus qu'on ne croit ? profitent de la crise, pour régler leurs problèmes structurels. Les difficultés de La Redoute, des 3 Suisses ou de Valeo n'ont rien à voir avec la crise. Enfin, certaines entreprises n'ont pas de problème de carnet de commandes, mais des difficultés de trésorerie. Les groupes sectoriels mis en place par le chef de l'État permettront d'examiner ces différents cas.Tout est-il réglé ?Non. Tous les ans, nous demandons au patronat une négociation interprofessionnelle sur la sous-traitance. L'UPA et la CGPME sont d'accord, le Medef non. Le président a aussi confirmé qu'une entreprise percevant des aides publiques, d'où qu'elles viennent (État, régions?), doit en informer son comité d'entreprise ou ses syndicats. Mais au-delà des discours, il n'y a pas concrètement d'engagements précis demandés aux entreprises, même si la ministre de l'Économie dit qu'il n'est pas normal de recevoir des aides sans contrepartie.Faut-il durcir les conditions du licenciement ?J'ai demandé un moratoire sur les licenciements. De manière temporaire, en attendant que le plan de relance ait des effets, ce dont je doute. Il y a des entreprises sans syndicats qui, en ce moment, font des licenciements individuels à la pelle. Sur les ruptures conventionnelles, il faudrait aussi un contrôle accru des directions départementales en période de crise.Sur le service public, avez-vous des revendications ?Nous demandons le gel de la revue générale des politiques publiques (RGPP). On nous impose des suppressions de postes pour tenir les comptes publics. Or, avec le déficit, tout ça vole en éclats. Et 30.000 suppressions de postes, ce sont 30.000 jeunes qui ne trouveront pas de boulot.Quels thèmes souhaitez-vous voir traités dans l'agenda social 2009 ?Il faut un véritable débat sur le paritarisme et la place de la négociation dans notre pays. Quand j'entends Laurence Parisot dire que les non-signataires de l'accord sur l'assurance chômage se tirent une balle dans le pied, cela veut dire qu'elle ignore ce qu'est le paritarisme. Si elle y était attachée, elle aurait dû s'opposer à la création de Pôle emploi, né de la fusion entre l'ANPE et les Assedic. n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.