Sarkozy face à la résistance des mandarins

Hôpital, université, même combat ? C'est une coïncidence, les universitaires comme les médecins hospitaliers défileront aujourd'hui contre deux réformes voulues par Nicolas Sarkozy qui les touchent directement. Au-delà de la coïncidence, ces deux réformes ont un point commun : faire en sorte que les structures publiques que sont l'université et l'hôpital soient vraiment gérées, et non dirigées mollement depuis le ministère de tutelle, et laissées localement au jeu des pouvoirs et contre-pouvoirs. « Il faut un patron à l'hôpital », a répété le chef de l'État, qui veut aussi donner de vraies prérogatives de gestion aux présidents d'université. Même si la comparaison a ses limites ? les problématiques sont évidemment différentes, on ne rend pas le même « service » dans ces deux structures ?, les contestations conjointes portent donc sur un objectif de réforme commun aux universités et aux hôpitaux. L'instauration d'un gestionnaire ne peut que heurter tous ceux qui avaient l'habitude de? s'autogérer. En premier lieu, les « mandarins », professeurs à l'université ou à l'hôpital (professeurs d'université praticiens hospitaliers qui dirigent les services), peu habitués à battre le pavé, mais désormais prêts à en découdre avec le gouvernement.Pour le chef de l'État, l'idée même d'un échec ou d'un quelconque recul est à proscrire, s'agissant de réformes qu'il considère comme aussi emblématiques que la fusion ANPE-Unedic ou le regroupement des administrations de Bercy (Direction générale des impôts et comptabilité publique). Mais entre le refus gouvernemental d'afficher la moindre reculade sur le fond et la teneur réelle de la loi, une fois votée, il faudra faire la part des choses. Des concessions, le chef de l'État sera bien contraint d'en faire aux médecins, dont on sait l'influence au sein de l'UMP. pour une vraie ruptureAlain Juppé connaît les conséquences du mépris du corps médical par un gouvernement de droite. Aux yeux de Dominique Paillé, conseiller politique du chef de l'État et ancien directeur d'hôpital, ces modifications demandées par le corps médical n'auront rien de dramatique. « La logique veut que quelqu'un réponde de la gestion de l'hôpital, c'est une entreprise au sens noble du terme, un organisme au service de l'intérêt général, souligne-t-il. Si les mentalités ne sont pas prêtes, il faudra les faire évoluer. Même si des concessions sont faites aux médecins, le mouvement de réforme est inéluctable. D'autres textes suivront. »Député UMP se voulant réformateur, Hervé Mariton se montre plus inquiet : « Il y a alerte. Il faut que l'exécutif se montre plus clair sur la réforme de l'hôpital. On promet la rupture, on la fait à demi. Il est normal que certains tentent de la limiter à un quart. » Le député avance une proposition : pourquoi ne pas placer un médecin gestionnaire à la tête de l'hôpital ? Ce serait le meilleur moyen d'étouffer la contestation de ses pairs.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.