Les banques vont devoir faire la lumière sur la valeur de leurs actifs financiers

Deux mois après avoir donné la possibilité aux banques de cacher sous le tapis la poussière du subprime en les autorisant à changer le classement comptable ? donc le mode de valorisation ? de certains instruments financiers, l'IASB (International Accounting Standard Board) s'apprête maintenant à soulever les coins du tapis. Le normalisateur international, qui édicte les standards comptables IFRS en vigueur en Europe, veut en effet rendre la valorisation des actifs financiers plus transparente.Le premier volet de cette offensive concerne les prêts et créances et les titres de dette, notamment les obligations, qui sont au c?ur de la crise du crédit. Ces « instruments de dette » peuvent être valorisés de deux façons?: soit à la « juste valeur » (la plus proche possible d'un prix de marché) s'ils sont traités dans la classe comptable « trading » ou si la société opte pour l'option « juste valeur »?; soit au coût amorti pour les autres classes comptables. Lorsque les marchés sont nerveux, la seconde méthode permet de limiter la perte de valeur des actifs en ne tenant pas compte des risques de marché et de liquidité, mais seulement du risque de crédit.dévoilement et synthèseL'amendement proposé par l'IASB va contraindre les banques à dévoiler, dans un tableau synthétique, non seulement la valeur à laquelle les instruments de dette affectés à chaque classe comptable sont inscrits au bilan, mais aussi les valeurs qui auraient été retenues s'ils avaient été évalués à la juste valeur d'une part, et au coût amorti de l'autre. Deux informations qui permettront de connaître les bornes entre lesquelles peut varier la valeur des actifs de chaque classe, et de savoir où chaque banque a placé le curseur ? donc à quel point elle s'écarte de la valeur « de march頻. Le texte prévoit aussi de préciser l'impact qu'aurait sur le résultat net la décision de tout comptabiliser à la juste valeur ou au coût amorti.Soumis à consultation jusqu'au 15 janvier, ce projet d'amendement doit être adopté dans la foulée et entrer en vigueur pour l'arrêté des comptes 2008. Lequel pourrait donner lieu à des reclassements d'actifs massifs, puisque beaucoup de banques, notamment françaises, ont décidé de reporter au quatrième trimestre l'utilisation des modifications comptables d'octobre, pourtant rétroactives au 1er juillet.Ce texte viendrait compléter celui adopté en octobre, qui prévoit déjà une obligation d'information sur l'impact comptable de toute décision de reclassement, donc de tout changement de méthode de valorisation et ce, quel que soit le type d'instrument concerné. Quant à la demande des émetteurs de pouvoir renoncer à l'option juste valeur pour les actifs autres que ceux classés en trading, l'IASB l'a pour l'instant repoussée.Également destiné à être adopté en janvier, un second volet prévoit la publication d'un « tableau de liquidit頻 reprenant l'analyse quantitative des échéances du passif et de l'actif, en vue d'éclairer la gestion du risque de liquidité, dont l'exemple de Lehman Brothers a montré qu'il pouvait suffire à précipiter la chute d'un établissement. Enfin, l'IASB compte exiger plus d'information sur l'approche retenue pour estimer la « juste valeur » (prix de marché observé, extrapolé ou valeur estimée par l'intermédiaire d'un modèle), ainsi que sur les raisons des choix de méthode et son impact sur la valorisation. Mais ces modifications n'entreront pas en vigueur avant les comptes 2010. Le chemin vers la transparence est décidément long et sinueux. BENJAMIN JULLIEN ++BSD ++PasSupprimerBalise balise systèmene pas supprimer++BSF ++on pourra savoir où chaque banque a placé le curseur, mesurer l'écart avec la valeur « de march頻.
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