Sarkozy contraint de composer sur le Grand Paris

C'est un discours fondateur dont on se souviendra longtemps », affirme un collaborateur du président. De fait, l'intervention de Nicolas Sarkozy, hier après-midi à la Cité de l'architecture, sur l'avenir du Grand Paris, signe le grand retour de l'État dans l'aménagement de la capitale et de sa région après des années de décentralisation plus ou moins réussies.Dès l'été, a annoncé le président hier, un schéma définitif de développement des transports en commun pour les quinze ans à venir (voir « La Tribune » du 29 avril) sera arrêté par l'État. Le gouvernement fera ensuite adopter, sans doute avant la fin de l'année, une série de dispositions législatives et réglementaires permettant de déroger aux règles normales d'urbanisme afin d'accélérer le lancement des chantiers correspondant à l'horizon 2012. Une locomotiveL'État, toujours lui, va également créer un établissement public afin de prendre directement en charge la maîtrise d'ouvrage de ces projets, comme il le fera prochainement pour le pôle de Saclay. L'Élysée souhaite également le développement d'une dizaine de pôles de compétitivité autour de Paris, de même que la construction de 70.000 logements par an dans la région. Autant de mesures qui, selon Nicolas Sarkozy, doivent permettre de faire du Grand Paris une locomotive économique profitant à l'ensemble du pays.Au-delà pourtant de ces annonces présidentielles fortes, l'Élysée a été contraint de mettre de l'eau dans son vin. Rien ne se fera sans les élus d'Île-de-France, a bien prévenu l'Élysée. Sans leur collaboration ou du moins leur consentement, le plan annoncé par Nicolas Sarkozy hier aurait du mal à voir le jour. Sur les 35 milliards d'euros promis par l'Élysée pour le développement des transports, 13 milliards correspondent au montant du plan déjà proposé par le conseil régional. D'ailleurs, tout ce que les élus régionaux ont déjà voté (comme la création d'une autre rocade de métro proche de Paris ou le prolongement des lignes actuelles) sera pris en compte par l'État, a rappelé le président. De même, la construction de 70.000 logements par an, soit le double d'aujourd'hui et 10.000 de plus que prévu par le futur schéma directeur d'aménagement du conseil régional, nécessite la collaboration des collectivités locales concernées.Surtout, pour ne pas braquer les élus, l'Élysée a évité de prendre position sur la gouvernance du Grand Paris en reprenant, par exemple, la proposition du rapport Balladur d'intégrer Paris et les trois départements de la petite couronne dans une communauté urbaine. Les institutions existantes ? conseil régional, départements, mairie de Paris, Syndicat des transports d'Île-de-France (Stif) ? sont invitées à s'approprier le plan du Grand Paris. Un pari risqué.
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