Il a des utopies plein la tête et il en fait un art. Alain B...

Alain Bublex, magicien de l'espaceS'il avait rêvé d'un job, il serait resté chez Renault à imaginer des voitures. Mais Alain Bublex, aujourd'hui installé au musée du Mac-Val, voulait faire de l'art plutôt que de l'argent. D'ailleurs, au début de ses études, il n'était pas fixé sur la suite à donner à son existence. Après un diplôme aux Beaux-Arts de Dijon, il s'oriente vers l'école supérieure du design de Paris. Et au final, c'est le design qui va l'emporter. On en trouve d'ailleurs la trace aujourd'hui dans tout ce qu'il imagine.Au début des années 1990, alors qu'il frise la quarantaine, Alain Bublex lance donc ses projets artistiques. Comme cette ville imaginaire qu'il intitule « Glooscap ». Tout est vrai et tout est faux dans cette cité. Les formes sont exactes mais les espaces jamais là où on les attend. Peu importe. Le plasticien dessine, compose des photographies qui rendent compte d'une urbanisation en folie, joue entre réalité et fiction. Les cabanes sont accrochées aux façades, les grues arpentent les rues, les perspectives prennent la tangente.Il ne faut pas croire que l'artiste reste figé sur une simple idée. Ses ?uvres sont en mouvement. Cette « Glooscap », il en relate l'évolution au fil des jours, en modifie l'histoire, l'oriente vers un récit visuel que lui seul connaît. Une telle imagination ne peut laisser aucun amateur d'art indifférent. C'est ainsi que la galerie Philippe et Nathalie Vallois à Paris va s'intéresser à son travail. De même, Alain Bublex va exposer au Mamco (musée d'Art moderne et contemporain) de Genève, au palais de Tokyo ou dans des Frac (Fonds régionaux d'art contemporain). Ce qu'il montre ? Des photomontages imprimés sur aluminium, des plans, des projets, des objets et des installations, des maquettes.?uvres fantaisistesBien sûr, il faut aller voir de près pour constater que tout ceci a quelque chose de bizarre. Si elles donnent l'apparence du vrai, ses ?uvres n'en sont pas moins fantaisistes. Comme cet appareil de photo, « The Camera as Projected », qui ne prend bien sûr aucune photographie. Ou encore « L'Aerofiat », une voiture hybride qui ne pourrait pas avancer d'un mètre. Et quand il s'introduit dans une ville et dans un quartier particulier, il en modifie toute la physionomie. Ce qu'il a fait pour Paris que l'on avait bien du mal à reconnaître. En intervenant au c?ur même des collections permanentes du Mac-Val, Alain Bublex propose un parcours qui surprend et provoque l'attention. D'abord, il a fait modifier l'éclairage général afin, dit-il, « que la lumière vienne des ?uvres elles-mêmes et qu'elles éclairent les autres ». Ensuite, il s'immisce au milieu de ces ?uvres jusqu'à se fondre dans celles-ci. Pour lui, l'absence doit être au c?ur de ses interventions. Le geste est réussi. On se trouve là au milieu d'?uvres en devenir.Mais que veut-il cet artiste ? Des vidéos (10 à 12.000 euros), des photos grand format (22.000 euros) ou encore des installations à 60.000 euros. Il y a chez Alain Bublex une certaine insolence à s'emparer des choses et des lieux. Une table avec lui peut autant servir d'objet que d'espace. Dès lors, on ne sait plus où l'on est, mais on en redemande. Il est un peu comme un metteur en scène passé maître en illusion pour mieux nous faire pénétrer au c?ur de la vie. Dans ce qu'elle a de plus fou et de plus vrai en même temps. Alain Bublex manipule notre regard jusqu'à nous faire douter de la réalité. C'est ce qu'on appelle un magicien.Jean-Louis Pinte
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