La réforme de la représentativité sème la zizanie à la SNCF

Unions contre nature, tractations discrètes, voire coups de poignard dans le dos. Depuis quelques semaines, le petit monde des syndicats de la SNCF est en ébullition. À l'origine de cette agitation, les élections professionnelles du 26 mars prochain. La SNCF sera une des premières à expérimenter les nouvelles règles de la représentativité syndicale. Un test grandeur nature pour une réforme issue de la loi du 20 août 2008 qui concerne toutes les entreprises à partir du 1er janvier (lire ci-contre).Que ce soit parmi les cheminots, chez Airbus à Toulouse pour la CFDT ou au siège de Renault pour la CGT, le seuil de 10 % des voix que doit atteindre un syndicat pour survivre sera dévastateur. Lors des dernières élections à la SNCF en 2006, la CFTC, FO, la CFE-CGC et la Fgaac étaient très en deçà de la barre fatidique. Si elles n'améliorent pas leur score en 2009, elles perdront toute représentativité au niveau de l'entreprise, même si elles préservent leurs bastions locaux. En clair, elles ne pourront plus négocier d'accord national avec la direction. Ni lancer de préavis de grève. « À la SNCF, où l'on existe souvent par le conflit, certaines organisations ne pourront plus le faire par ce moyen-l࠻, souligne Loïc Hislaire, le directeur délégué aux relations sociales. Enfin, elles perdront une partie des moyens qui leur étaient, jusque-là, accordés. Non négligeable lorsque l'on sait que les huit syndicats se partageaient, en 2006, 3,8 millions d'heures au titre de leurs activités, soit l'équivalent de 2.440 agents à temps complet.RecompositionComme dans de nombreuses entreprises, une recomposition syndicale est en marche à la SNCF. En octobre, la Fgaac, qui rassemble les agents de conduite, a choisi la CFDT comme partenaire. Mi-décembre, la CFE-CGC et Force ouvrière ont décidé de faire liste commune, en dépit du rapprochement à l'?uvre nationalement entre l'Unsa et la confédération des cadres. Parmi les « petits », seule la CFTC n'a pas trouvé d'allié et devrait, sauf surprise de dernière minute, aller au combat sous son seul nom.Mais rien ne dit qu'elle ne s'en tirera pas mieux ainsi. Car les alliances déjà conclues risquent d'être mal perçues par les cheminots. Les soutiens de la Fgaac auront du mal à comprendre que leur organisation, axée sur la défense d'intérêts catégoriels, se fonde dans une CFDT qui met en avant l'intérêt général. L'union avec la CFE-CGC fait aussi grincer des dents à FO. « On a plutôt l'impression que certains essaient de sauver leur position personnelle », regrette un cheminot.Dans ces conditions, le dialogue social dans les entreprises risque de se compliquer singulièrement. À la SNCF, la CFTC, FO, la CFE-CGC éliminées du paysage, il ne restera plus que quatre syndicats autour de la table des négociations. Et si les deux organisations réformistes ? l'Unsa et la CFDT ? ne progressent pas par rapport à 2006, elles ne réuniront pas les 30 % des voix nécessaires pour qu'un accord soit valide.La CGT maître du jeuLa CGT, largement majoritaire, se retrouvera au centre du jeu. Évoluera-t-elle alors qu'elle n'a, jusqu'à maintenant, jamais signé de textes « sensibles » sur les salaires ou l'intéressement ? Si SUD Rail améliore son score grâce à son opposition claire à la réforme des régimes spéciaux de retraite, la CGT pourrait, dans un premier temps, choisir la surenchère. « Il y a effectivement le risque de passer plusieurs années sans pouvoir signer d'accords et avec des décisions unilatérales de l'entreprise, en matière salariale par exemple », reprend Loïc Hislaire. Un scénario du pire que de nombreuses entreprises pourraient connaître dans les prochains mois.
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