Un documentaire passionnant vient clore l'année du cinéma. « Polanski : Wanted and Desired » raconte les deux drames majeurs qui ont ponctué la vie de l'un des plus grands cinéastes contemporains, Roman Polanski. À commencer par la mort de son épouse Sharon Tate. Enceinte de huit mois, elle est assassinée à coups de couteaux par Charles Manson et ses acolytes. Ce massacre mit un point final à ses rêves et à ses illusions. Vint ensuite la plainte pour viol déposée par une mineure de 13 ans venue se faire photographier dans sa villa en 1977.La documentariste Marina Zenovich (qui s'était intéressée à Bernard Tapie en 2001 avec « Who is Bernard Tapie ») démonte la complexité de la machine judiciaire californienne quand elle se heurte à la célébrité, aux médias et à l'opinion publique. Elle le fait avec une rigueur et une clarté qui font toute la force de ce film d'ailleurs récompensé au Festival de Sundance pour son montage. En toile de fond apparaît la vie d'un artiste dont l'existence commence dans l'horreur du ghetto de Varsovie et de la barbarie nazie à laquelle succède la chape de plomb du communisme. Son passage à l'Ouest à la fin des années 1950, sa rencontre avec le cinéma sont pour Polanski le début de la renaissance avant qu'il ne se lance dans l'aventure américaine.Comment la plainte sera retirée vingt ans plus tard par celle qui a tout déclenché, comment Polanski demeure interdit de séjour sur le sol américain, l'empêchant d'aller chercher son oscar pour « le Pianiste », en 2003, comment il se bat toujours pour trouver un accord afin de lever cette « punition » liée à l'entêtement d'un juge qui fut dessaisi du dossier? ombres et lumièreTout cela, et plus encore, nourrit la trame de ce document implacable, plein de douleur, d'ombres et de lumière. Celles d'un destin où la tragédie le dispute à la gloire, hanté par une affaire « marquée du sceau de la honte pour la justice », comme le dit un jour un avocat. « La frontière entre le réel et l'imaginaire a toujours été désespérément brouillée dans ma vie », écrit Polanski en exergue de ses mémoires. Michel Pascal

latribune.fr

13 Jan 2009, 1:30

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