Un cas à part en Europe

L'accord signé hier entre Deutsche Telekom, Kirch et Bertelsmann, via CLT-UFA, va-t-il permettre enfin à l'Allemagne de rattraper son retard sur la France, la Grande-Bretagne, l'Espagne et l'Italie dans le domaine de la télévision numérique ? Chez Kirch, on estime le potentiel à long terme à quelque 10 millions de foyers. D'ici à l'an 2000, on vise 2 à 3 millions d'abonnés à la télévision numérique payante. Voilà de quoi, peut-être, donner des regrets à Canal+ et Rupert Murdoch, qui n'ont certainement pas dit leur dernier mot. Il reste toutefois aux trois nouveaux associés à convaincre le téléspectateur des bienfaits de la télévision numérique. Car, outre-Rhin, le paysage audiovisuel constitue un cas à part en Europe. Aujourd'hui, la plupart des foyers reçoivent au moins 30 chaînes via deux modes diffusion : le câble (17,6 millions de foyers), le satellite (on recense 10 millions de foyers équipés d'une antenne parabolique). Ces téléspectateurs sont-ils prêts à payer encore plus pour recevoir une offre élargie de programmes ? Les experts sont partagés. Tout va dépendre en fait du montant qu'ils auront à débourser. Deutsche Telekom, qui va mettre à contribution son réseau commercial pour vendre des décodeurs, pense à un système de forfait comprenant à la fois l'accès aux bouquets et la location des décodeurs. DF1 propose déjà depuis le 30 mai une offre d'essai de 49,90 marks pour trois mois, qui comprend la location du boîtier d-Box et l'accès à ses programmes. Ensuite la location est de 19,90 marks par mois. Ce package n'a pas pour autant fait démarrer les ventes. Autant dire qu'il faudra du temps et des moyens commerciaux importants pour convaincre le téléspectateur allemand. Alors que la concurrence est possible en France, qu'elle s'amorce en Grande-Bretagne et qu'elle pourrait voir le jour en Espagne, paradoxalement le premier marché audiovisuel européen ferme le jeu. Il semble en effet que l'on se dirige vers la constitution d'un seul bloc où la partie se joue à trois. La position dominante de Deutsche Telekom dans le câble est l'une des raisons. Aucune initiative ne peut se passer de l'accès à ce réseau de distribution pour toucher les foyers allemands. L'échec (temporaire ?) de DF1 en offre l'illustration. Les inconnues sur le potentiel de ce vaste marché sont telles que la partie reste ouverte. Au profit d'un retour de Canal+ ou de Rupert Murdoch, mais aussi des majors américaines, qui ont réussi à créer des liens de dépendance avec les opérateurs nationaux. B. d. P. et T. D. J.
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