CONTRAT DE PLAN + Les postiers continuent à faire pression sur le gouvernement

Au moment où le débat sur l'ouverture du capital de France Télécom bat son plein, un autre se dessine en arrière-plan, celui de l'avenir de La Poste. En effet, les grandes orientations stratégiques de l'établissement public restent à définir, avec pour toile de fond la libéralisation complète du marché postal européen en 2003. En commençant par la mise à la disposition des AGF des 17.000 bureaux de La Poste pour commercialiser des produits d'assurances dommages comme l'y autorise la loi de 1990. Car, de cette décision, va dépendre en grande partie le maintien de la présence postale en milieu rural et en zone urbaine difficile, ainsi que la sauvegarde des emplois. Un service public dont le surcoût avoisine les 3 milliards de francs. Malgré la critique des professionnels de l'assurance qui dénoncent les distorsions de concurrence comme l'abattement de 85 % sur la taxe professionnelle dont bénéficie La Poste, l'Etat devra trancher une fois pour toutes. D'autant que les discussions sur le nouveau contrat de plan pour 1998-2000, reprendront en septembre. Paradoxe. Aujourd'hui, La Poste est à l'image « d'un boxeur aux poings liés dans le dos », estime Marie Liboutet, secrétaire générale de la CFDT PTT et Télécommunications. Comment le gouvernement peut-il exiger de La Poste qu'elle maintienne un réseau non rentable au nom de l'aménagement du territoire en lui demandant de présenter des comptes équilibrés ? s'irrite un délégué syndical. Un autre de la CGT surenchérit : « Avec 40 % de son chiffre d'affaires, hors monopole, La Poste est l'entreprise publique la plus exposée à la concurrence, alors qu'on lui donne les moyens financiers de se positionner sur les services concurrentiels. » En d'autres termes, tant que l'Etat ne permettra pas à La Poste d'effacer des ardoises dont le montant dépasse les 10 milliards, « ce n'est pas la peine qu'il déclare vouloir défendre le service public », s'insurge un représentant de FO. Les syndicats, Sud PTT en tête, demandent l'arrêt des restructurations en cours, en particulier sur la réorganisation du travail. Après Arras, qui a voté la reprise du travail, la grogne persiste à Rennes, Lens, Valence, Nantes, Paris XVe, Besançon... Au coeur des conflits, la remise en cause de la réduction des horaires d'ouverture des bureaux, les suppressions d'emplois et le retour aux 39 heures pour des services qui bénéficient déjà des 37 heures. Regroupement de services. La direction de La Poste réplique : « En accord avec le contrat de plan, on est actuellement dans un contexte de zéro fermeture. Mais nous devons nous employer à fédérer nos forces et encourager les initiatives locales, à l'instar de Bacquel dans l'Oise qui a choisi l'option de regrouper dans les locaux de la gare SNCF, les bureaux de La Poste et de France Télécom. » Quant à l'aménagement des horaires, le président de La Poste, Claude Bourmaud, invoque le cas par cas : si certains bureaux réduisent leur temps d'ouverture, d'autres ont décidé d'ouvrir le samedi après-midi en raison de leur implantation en centre commercial. « Ce qui veut dire que nous devons nous adapter aux attentes de nos clients. » Evoquant « le mauvais climat social », Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'Industrie chargé de La Poste et de France Télécom, s'est déclaré il y a quelques jours « en faveur d'une recomposition complète entre la présidence et la direction de La Poste d'une part, les organisations syndicales représentatives des personnels d'autre part », afin d'aller dans le sens du dialogue et de l'écoute des travailleurs. Quant au Premier ministre, il n'a pas manqué de souligner : « Les services publics relèvent d'une conception fondamentale de la société à laquelle nous tenons au-dessus de tout... Ils sont au coeur du lien social et nous refusons leur transformation en objet de profit. » « Le gouvernement va dans le bon sens », estiment les syndicalistes. Ils s'étonnent toutefois que Pierre Segura, ancien conseiller du précédent ministre des PTT et Télécommunications, François Fillon, ait rejoint La Poste en charge de la mission sur l'aménagement du territoire et de la négociation du contrat de plan. Pour l'instant, la direction de La Poste se refuse à tout commentaire. Chantal Colomer
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