Aérospatiale : l'ouverture du capital, grand chantier 1996

L'ANNÉE 1996 verra-t-elle le groupe Aérospatiale ouvrir son capital à un partenaire ? Son PDG, Louis Gallois, a en tout cas qualifié hier ce projet de « chantier à faire progresser de façon décisive cette année ». Sans donner de nom d'allié capitalistique potentiel - on pense à Alcatel Alsthom, au rival (mais parfois associé) Matra-Hachette, à Dassault Aviation et ses 11 milliards de francs de trésorerie -, le PDG d'Aérospatiale souligne que l'Etat actionnaire est et sera informé des réflexions en cours sur ce chantier. Outre nouer une alliance de fond, Aérospatiale, qui se veut le pivot des futures restructurations franco-françaises comme européennes de l'industrie de l'aéronautique et de l'armement, vise aussi, par l'ouverture de son capital, à engranger de l'argent. Mais pour attirer des investisseurs, plutôt des industriels que des financiers dans l'esprit de ses dirigeants, Aérospatiale se doit d'être « sexy ». Son bilan 1995 présente d'ailleurs un bon profil. Son chiffre d'affaires est resté stable, un peu au-dessus de 49 milliards de francs. Il aurait progressé si le dollar n'avait pas baissé de 15 %. Les prises de commandes grimpent de 32 % à 39 milliards. L'endettement baisse encore, de 7,6 à 6,6 milliards. Surtout, le résultat courant consolidé est équilibré, avec un dollar couvert à 5,59 francs. C'est mieux que l'objectif initial de parvenir à cet équilibre en 1995 avec un dollar à 5,80. Financières, les réussites d'Aérospatiale l'an passé sont aussi stratégiques (alliances avec l'allemand Dasa dans les satellites et les missiles, avec l'italien Alenia et British Aerospace dans les avions régionaux) et technologiques (envol des hélicoptères EC120 et NH90, de l'avion Airbus A319 et des satellites d'observation ISO et Helios 2). Mais Aérospatiale conserve aussi son mauvais profil. Ses prises de commandes restent inférieures au chiffre d'affaires. Son résultat net consolidé 1995 sera encore négatif en raison de provisions qui tiendront compte d'un sureffectif de 3.100 personnes dans la société mère (moitié pour les avions, moitié pour les missiles) et de 800 dans sa filiale, Eurocopter. Aérospatiale veut donc encore faire des économies : 3 milliards de francs d'ici à 1998 sur tous les postes : achats, développements autofinancés, etc., à l'exception des dépenses de commercialisation et des recherches amont. 50 millliards de francs pour un Airbus de 500 places La firme doit aussi vendre davantage d'hélicoptères, de fusées Ariane (qui a réussi ses 11 tirs l'an dernier, de satellites - aux ventes déjà records -, de missiles, pour oublier une piètre année 1995, et surtout d'avions Airbus (plus de 40 % du chiffre d'affaires d'Aérospatiale, qui détient 37,9 % du Groupement européen). 1996 permettra d'ailleurs d'étudier s'il convient de transformer le GIE Airbus en société, de fabriquer en Europe un avion de 100 places si les Asiatiques ne font pas le leur avec Aérospatiale, et surtout s'il faut investir 50 milliards de francs pour lancer un grand Airbus de 500 places afin de pouvoir enfin concurrencer le Boeing 747 et sa future nouvelle version. O. P.
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