La baisse des tarifs aériens, fruit de la libéralisation

UN AN APRÈS l'ouverture libérale du ciel hexagonal à la concurrence, la baisse des tarifs est aujourd'hui bien établie. L'annonce, la semaine dernière, par le président d'AOM, Marc Rochet, d'une baisse des prix sur la liaison Orly-Nice, après l'annonce par son concurrent, Air Liberté, de l'arrivée sur cette liaison à compter du 19 janvier, en est la manifestation la plus récente. De même que la promotion d'Air Inter de Paris vers Nice, Toulon et Toulouse, qui offre des réductions de 15 % à 30 % entre le 15 janvier et le 25 février, et la volonté de TAT de suivre sur Orly Toulouse. Face au groupe Air France ni AOM ni TAT (groupe British Airways) ne se s'étaient battus jusqu'ici sur le front tarifaire. AOM, filiale du Crédit Lyonnais (et l'un des actifs à céder pour renflouer la banque nationalisée), s'était toujours refusée d'engager la compétition dans ce domaine, sur Nice comme sur Marseille, préférant miser sur la qualité des prestations pour des tarifs semblables à ceux d'Air Inter. Ce que le PDG d'Air Liberté, Lotfi Belhassine, mouche du coche du transport aérien français, a quelque mal à admettre : « La véritable concurrence passe forcément par la différenciation des prix ; il s'ensuit l'élargissement du marché, puisque de nouveaux clients sont attirés par l'avion. » Démonstration à l'appui : sur Paris-Nice, le trafic annuel de 2,9 millions de passagers n'a augmenté que de 10 % en cinq ans, sans baisse des tarifs. Ceci malgré un quasi-doublement des fréquences depuis l'arrivée d'AOM en 1991 : une quinzaine d'allers-retours quotidiens par Air Inter, une douzaine par AOM. Bouleversement des mentalités Or ce trafic grimpait dans le même temps de 21 % l'an dernier (340.000 passagers de plus) sur Orly-Toulouse, où Air Liberté affronte depuis un an Air Inter avec des « coups » qui ont fait dégringoler le montant des billets de 30 %. « Cette tendance à la baisse est durable, estime un professionnel du transport aérien. Certains patrons de compagnies françaises ont un comportement à l'américaine, où la compétition se joue d'abord sur le terrain des prix et où, à une cascade d'ouverture de lignes, peut très bien succéder à bref délai la fermeture des liaisons qui s'avèrent non rentables, et ce sans état d'âme. Voilà qui bouscule les mentalités très protectionnistes de beaucoup d'acteurs de l'aérien français. » Depuis le 1er janvier 1995, la rivalité dans le ciel domestique a entraîné globalement, toutes liaisons confondues, une baisse de 8,5 % du tarif moyen en deux ans, par rapport à 1994. Mais sur deux lignes fortement convoitées et qui ont donné lieu à une lutte tarifaire, Paris-Toulouse et Paris-Bordeaux, le recul s'établit à 25 %. La tendance est bien installée. Mais, à l'instar de ce qui s'est passé aux Etats-Unis depuis le lancement de la déréglementation en 1977, la restructuration en cours, qui verra des transporteurs privés réunir leurs moyens (comme viennent de le faire Air Liberté et Euralair, qui, lui-même contrôle Air Littoral), pourrait déboucher, au terme du mouvement, à une relative remontée des prix quand le paysage concurrentiel sera stabilisé. PATRICK MARX
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