Loïk Le Floch-Prigent : un projet d'entreprise pour pacifier la SNCF

Loïk le Floch-Prigent est à pied d'oeuvre. Passant outre la traditionnelle trêve des confiseurs, la semaine dernière, le nouveau président de la SNCF a reçu une à une les organisations syndicals des cheminots. Après trois semaines d'un très dur conflit, laissant apparaître au grand jour un profond malaise au sein de l'entreprise, le successeur de Jean Bergougnoux se devait avant tout d'apaiser les esprits, en renouant avec le dialogue social. Sur des braises encore chaudes, c'est donc ce à quoi il s'est d'abord employé et, semble-t-il, avec un certain succès, tout au moins sur la forme. « La discussion s'est engagée sans esprit de revanche, avec une démarche nouvelle de celle connue précédemment, ce qui est plutôt positif », a commenté Daniel Junker, secrétaire fédéral des cheminots CGT. « Notre nouvel interlocuteur s'est avéré plus ouvert à l'écoute que son prédécesseur », a pour sa part constaté Jean-Claude Guérin de la Fédération cheminot CFDT. Mais les syndicats entendaient surtout profiter de cette première prise de contact pour juger leur nouveau président sur le fond. Or, là aussi, Loïk Le Floch-Prigent aura apparemment su trouver quelques arguments. Sans entrer dans les détails, il a ainsi dévoilé les grandes lignes de son action pour les prochains mois. Dans un premier temps, il entend bâtir un « projet d'entreprise » qui servira de base à la réécriture du futur contrat de plan de la SNCF, dont la première mouture avait tant été décriée durant la grève. « Une entreprise de service doit avant tout avoir un projet industriel », avait-il déjà indiqué lors son installation au conseil d'administration de l'entreprise. Il s'apprête donc à suivre une voie diamétralement opposée à celle tracée voilà quelques mois par Jean Bergougnoux. Celui-ci souhaitait en effet d'abord boucler le contrat de plan, avant d'élaborer ce qu'il avait alors appelé un « plan stratégique d'entreprise ». Autrement dit, Loïk Le Floch-Prigent, qui s'est dit « attaché à l'autonomie de gestion », va d'abord tenter de redéfinir les objectifs de l'entreprise, avant d'aller négocier un cadre financier adéquat auprès du gouvernement. Une démarche qui devrait être lancée dès les prochaines semaines, à travers l'instauration d'une « large concertation au sein de la SNCF », mais aussi, et comme l'a souhaité Bernard Pons, ministre en charge des Transports, à l'aide de l'avis des divers responsables départementaux et régionaux. En arrière plan, le délicat problème du maintien des réseaux régionaux et de la prise en charge de l'endettement de l'entreprise. Le PDG a ainsi pris bien soin de souligner l'importance « de définir les coûts des activités et infrastructures de façon à savoir à qui les imputer ». Vaste chantier en perspective, qui devra malgré tout rapidement déboucher sur des propositions concrètes. Le calendrier prévoit une nouvelle version du contrat de plan au plus tard pour le printemps. A défaut d'avoir totalement convaincu les syndicats, unanimes désormais à vouloir « juger sur les actes », cette nouvelle approche n'a pas soulevé de franches hostilités. « Elle prend en compte la nécessité d'un large débat à l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise, reconnaissant que la grève était bien liée à un problème de fond sur la politique de la SNCF, et non pas à un simple défaut de communication », estime par exemple Daniel Junker. Méfiance toutefois du côté de la CFDT, où Jean-Claude Guérin souligne que « la base est aujourd'hui dans l'attente d'un réel espoir et garde l'arme au pied ». Pour le reste, les organisa- tions syndicales se sont félicitées du fait que Loïk Le Floch-Prigent ne soit pas opposé à la tenue de négociations salariales, et ce dès le début de l'année. En revanche, la question du paiement des jours de repos pendant la grève reste un point d'achoppement. Pour sa part, le PDG n'a pas souhaité revenir sur le sujet, selon lui déjà tranché dès l'arrêt du conflit des cheminots. JEAN-PIERRE GRATIEN
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