La « juppette » profite surtout aux petites voitures

Les aides Juppé à l'automobile profitent essentiellement aux petites voitures. Malgré la modulation des primes pour l'achat d'une voiture neuve (5.000 francs pour un possesseur de petite voiture de plus de huit ans, 7.000 francs pour une moyenne ou une grosse), 70 % des 95.000 commandes primées d'octobre et novembre derniers portaient sur des modèles de bas de gamme. C'est moins que du temps des « balladurettes ». Les petits véhicules représentaient alors 80 % des ventes primées. Mais c'est beaucoup plus que le poids naturel des modèles d'entrée de gamme sur l'ensemble du marché français (44 %). « En novembre, 52 % des 106 commandées bénéficiaient des mesures de soutien gouvernementales, contre 26 % pour les 306 de gamme moyenne et 3,5 % sur le haut de gamme 605 », souligne- t-on au siège de Peugeot. La 106 a sauvé les meubles chez Peugeot, dont les immatriculations dans l'Hexagone en novembre, résultat des commandes d'octobre, étaient en repli de 17 %. Chez Renault, c'est incontestablement la petite Twingo qui a bénéficié de l'engouement des clients élégibles aux primes. Si les immatriculations totales de Renault ont plongé de 23 % en novembre, celles de Twingo n'ont baissé que de 4,4 %. Citroën compte sur les aides pour promouvoir sa nouvelle petite Saxo, qui sera commercialisée à la fin février. Du côté des voitures importées, les petites Fiat Punto et Volkswagen Polo ont enregistré des bons scores de ventes sur un marché global en retrait de 9 %. Si les constructeurs français avaient largement profité des mesures Balladur, ils semblent a priori moins profiter des « juppettes ». La concurrence étrangère ne s'est pas, cette fois, laissé prendre au dépourvu. En orientant les ventes vers le bas de gamme, les mesures gouvernementales ont donc des effets pervers. Les ménages bimotorisés préfèrent ainsi remplacer leur seconde voiture plutôt que leur véhicule principal. Jacques Calvet, patron de PSA, s'était assez plaint de l'influence néfaste des précédentes mesures Balladur sur le « mix » (prix de vente moyen) des gammes Citroën et Peugeot. L'effet sur les marges, faibles ou nulles sur les petits modèles, est évidemment dévastateur. Et ce d'autant plus que les constructeurs ont, dès le début octobre, largement accompagné les primes avec des promotions records. Citroën a offert 6.000 francs de rabais supplémentaire sur les AX. Peugeot, Renault et Ford ont doublé les primes Juppé. Fiat a fait très fort avec un rabais de 19.000 francs (prime comprise) sur la Punto. En fin d'année dernière, Opel vendait ses Astra 17.000 francs moins cher (prime également incluse). Les prix n'arrêtent pas de baisser. Les modèles d'entrée de gamme tournaient autour de 55.000 francs il y a deux ans, avant les mesures Balladur. Ils se situent aujourd'hui à 40.000 francs. Les constructeurs dénoncent tour à tour cette guerre des prix, accentuée par les aides des pouvoirs publics, et s'en accusent mutuellement. Mais l'ensemble des marques généralistes, y compris japonaises, la pratique sous une forme plus ou moins déguisée. ALAIN-GABRIEL VERDEVOYE
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