Ferries : la guerre des prix redouble

La société Eurotunnel ne devra pas compter sur les compagnies de ferries pour limiter en 1996 la guerre des prix sur le transmanche. L'arrivée de la nouvelle année s'accompagne de spectaculaires promotions qui pourraient affecter les parts de marché du concessionnaire du tunnel sous la Manche, alors qu'il s'était incontestablement imposé sur le détroit l'an dernier. Sur la ligne Calais-Douvres, le principal concurrent d'Eurotunnel, le très puissant armateur britannique P & O offre en effet depuis le début du mois et jusqu'au 16 février des allers-retours dans la journée à 5 francs par personne et 75 francs pour une voiture avec cinq passagers. Sur les liaisons Le Havre-Portsmouth et Cherbourg-Portsmouth, le numéro un des armateurs sur le transmanche propose des allers-retours dans la journée à 10 francs et des passages à 100 francs pour un véhicule comportant cinq passagers. Certes, ces prix particulièrement attractifs interviennent en pleine « saison morte ». D'ailleurs, les armateurs ont pris l'habitude d'y recourir pour lisser leur activité. Il n'en est pas moins vrai que les politiques commerciales prévues pour 1996 et dévoilées à la fin de l'an dernier par certains acteurs semblent quelque peu dépassées. Le marché du transmanche sera d'autant plus perturbé que 1996 va s'accompagner de changements importants du côté des ferries. L'éclatement l'an dernier du pool Sealink va en effet se traduire par la présence de deux opérateurs supplémentaires qui ne faisaient qu'un jusqu'à présent : d'un côté la Snat, la filiale de la SNCF, qui luttera sous les couleurs commerciales de SeaFrance. De l'autre, la filiale britannique de l'armateur suédois Stena qui a lourdement investi pour accompagner une stratégie de conquête. Stena compte notamment mettre en service un catamaran très rapide sur la liaison Calais-Douvres. De fait, la multiplication des opérateurs va probablement durcir la concurrence entre les armateurs. P & O voudra ainsi préserver sa suprématie, alors que la Snat ou Stena devront survivre chacun de leur côté sur ce marché difficile. La guerre des prix semble donc plus que jamais d'actualité et Eurotunnel ne pourra guère y échapper. Il pourrait y avoir des morts, à moins que de nouvelles alliances se nouent. L'an dernier, la Snat a d'ailleurs approché l'armateur breton Brittany Ferries. C. P.
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