Régime présidentiel

Loïk Le Floch-Prigent aura donc les pleins pouvoirs. En douceur, et sans forcing, sans non plus avoir recours à une modification de l'arsenal législatif et réglementaire, le nouveau président de la SNCF est devenu hier, de fait et par défaut, PDG de la société nationale. De quoi mettre fin à des décennies de dichotomie du pouvoir à la tête de l'entreprise ferroviaire. Une dichotomie source, là comme ailleurs, au mieux de dilution des pouvoirs ou pire de conflits plus ou moins ouverts entre un directeur général qui assure « la direction de l'entreprise au quotidien » et un président plus spécialement « chargé des grandes orientations politiques », comme l'on définit généralement les rôles de l'un et de l'autre. Car l'ex-président de Gaz de France aux pouvoirs plus médiatiques que réels avait trop eu à souffrir de ce partage mal défini des responsabilités pour ne pas vouloir s'assurer les commandes pleines et entières de la SNCF alors que l'entreprise se trouve en pleine dérive. Avec l'accord du gouvernement : tant qu'à nommer le président d'une entreprise publique autant que celui-ci ait une mission précise et les moyens de la remplir. Franck Borotra a enfoncé le clou, récemment, lors de la nomination d'Edmond Alphandéry à la présidence d'EDF : « La dualité du pouvoir actuel n'est pas bonne » faisait alors valoir le ministre de l'Industrie. Il est vrai que les affrontements entre le président d'EDF et son directeur général ont, bien que feutrés, longtemps alimenté la chronique. A France Télécom, déjà, le président Michel Bon, à défaut d'obtenir des pouvoirs publics d'être nommé PDG - trop compliqué sur le plan statutaire -, concentre tout de même les pouvoirs entre ses mains dans la mesure où Charles Rozmaryn, le directeur général, n'a pas été, et ne sera pas, remplacé. Mais dans ce glissement progressif du pouvoir au profit du président, c'est incontestablement Christian Blanc qui a ouvert la voie. Sans que personne n'y trouve à redire, l'actuel PDG d'Air France obtient, lorsqu'il est placé aux commandes de la RATP en 1989, de se faire nommer PDG. Et qu'importe qu'un décret du 7 janvier 1959 prévoit une séparation des rôles entre président et directeur général. Le décret modifié du 20 juin 1989 pourvoira à cette nouvelle situation en remplaçant, tout simplement, dans le texte de 1959 et dans ceux qui suivront, « président » par « PDG » et en supprimant toute référence au directeur général. Elisabeth Rochard
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