Salaires : les revendications s'intensifient dans le privé

Chaque année, la saison des résultats et des dividendes, qui est aussi celle des négociations salariales, voit ressurgir la question du partage de la valeur ajoutée entre capital et travail. Mais, cette fois, la reconnaissance présidentielle de la paupérisation des salariés français lui a donné un écho particulier. Notamment chez ceux du secteur privé qui témoignent, selon Jean-Michel Denis du Centre d'études pour l'emploi, d'" une mobilisation que l'on avait pas vue depuis le début des années 1970 ". Après avoir surgi ici et là à la mi-2007, les conflits pour des augmentations générales de salaires se diffusent telle une traînée de poudre dans les secteurs les plus divers.Aujourd'hui, un conflit social devrait retenir particulièrement l'attention : il s'agit des débrayages qui pourraient toucher six des sept sites de production de L'Oréal en France, à l'appel des cinq syndicats. Et ce, après l'arrêt complet de trois sites, les 7 et 8 février. Connu pour un climat social maîtrisé, sinon apaisé, le groupe de cosmétique n'avait pas connu de grèves depuis la négociation des 35 heures en 2000. Là comme ailleurs, l'individualisation des rémunérations avait tacitement mis fin aux négociations collectives comme aux augmentations générales. Et, partant, cassé la capacité de mobilisation syndicale. Cette fois, ils entendent reprendre la main : ils exigent le retour des augmentations générales.DES MANIFESTATIONS AUX DEBRAYAGESDans de nombreuses entreprises, les salariés n'en sont encore qu'aux revendications, voire aux manifestations devant le siège. C'est le cas chez l'équipementier Alstom, l'installateur d'équipements électriques Forclum (groupe Eiffage) ou le motoriste d'avions Snecma.Mais, ailleurs, on est passé au stade au-dessus, celui des débrayages d'une ou deux heures, voire à la grève : comme chez Air France, où les salariés, réclamant leur part des profits, ont obtenu, après leurs grèves de la Toussaint et de Noël, une hausse moyenne de plus de 3 % de leurs salaires en 2008. Chez Sanofi-Aventis, où plus de 3.000 salariés, selon la CGT, auraient débrayé le 31 janvier à l'appel de quatre syndicats. Chez Alcatel-Lucent, dans le Bas-Rhin, où 400 des 650 salariés se sont mis en grève pour leurs salaires... en dépit des 1.800 suppressions d'emplois en France annoncées en octobre. Dans la presse, après ceux de L'Express, du Point, du Groupe Moniteur, de La Recherche et de L'Histoire, les salariés de Prisma Presse ont arrêté le travail pendant deux jours.Quant aux salariés de l'hypermarché Carrefour de Marseille, devenu le symbole de la misère du temps partiel subi, ils devaient reprendre le travail ce matin après une grève de seize jours. Un mouvement qui avait débuté le 1er février, première journée de grève nationale dans l'histoire de la distribution. Le syndicat majoritaire du magasin, la CFDT, a signé samedi un protocole d'accord de sortie de grève.
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