Thales plaide sa cause au Japon

Rayon d'espoir dans le ciel japonais pour Thales ? Tout sourire, le PDG du groupe d'électronique, Denis Ranque, voulait y croire lors de sa visite au Japon la semaine dernière. Bien que le groupe soit présent depuis trente-huit ans dans l'archipel, l'activité qu'il y réalise demeure ultra-marginale : à peine 1 % de son chiffre d'affaires. " C'est déjà le meilleur score des groupes Européens ! " , plaide Denis Ranque, oubliant les volumes importants réalisés dans le pays par le britannique Rolls-Royce.Vieux connaisseur du Japon, qu'il visitait périodiquement lorsqu'il était haut fonctionnaire il y a vingt ans, Denis Ranque veut croire que les autorités nippones vont enfin commencer à regarder du côté de l'Europe pour leurs approvisionnements. Le Japon, très attaché à son alliance avec les États-Unis, achète en effet ses équipements militaires comme civils prioritairement aux groupes américains, sans faire jouer la concurrence. Mais le surcoût - estimé jusqu'à 40 % par rapport aux achats effectués par d'autres pays - devient plus difficile à supporter alors que la dette publique s'alourdit. Par ailleurs, le ministère de la Défense aimerait trouver des matériels plus ouverts (ceux de l'" allié américain " sont truffés de boîtes noires, contrairement à ceux des Européens).Reste que le chemin sera long. Si certains marchés civils s'entrouvrent, les commandes militaires restent totalement fermées aux Européens. Pour contourner l'obstacle, Thales vante ce qu'il appelle sa structure " multidomestique " : ses filiales forment autant de pôles nationaux autour desquels se développe l'industrie locale. Thales espère s'intégrer ainsi dans le paysage intérieur nippon en s'alliant avec un industriel du cru. C'est ce qu'il a fait en Corée du Sud en s'alliant avec Samsung, ce qui lui a permis de devenir le troisième acteur de la défense dans le pays.PROTECTIONNISMEPour faire passer ce message lors de son voyage à Tokyo, Denis Ranque avait invité le gratin de l'industrie dans un grand hôtel et fait successivement parler les ambassadeurs de France, d'Angleterre, de l'Union européenne et même... d'Australie ! " Les Japonais en sont restés bouche bée ", raconte un participant à la soirée. Mais Thalès se heurte à un obstacle de taille, et qui ne cesse de grandir : le protectionnisme des Japonais, qui les fait considérer comme " sensibles " de plus en plus de secteurs, dont, évidemment, la défense et même l'aviation civile : le ministère des Transports souhaite interdire aux étrangers de détenir plus du tiers du capital d'un aéroport pour des motifs de sécurité.Avec un tel état d'esprit, on ne voit pas comment l'administration japonaise pourrait permettre à Thales de réaliser son rêve : racheter un acteur local, et s'implanter durablement.
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