Havas : le sort d'Alain de Pouzilhac est scellé aujourd'hui

Les discussions sur l'avenir d'Havas se sont poursuivies hier encore entre les deux camps, celui de Bolloré et celui de Pouzilhac. C'est que, malgré la volonté de s'accorder sur "une solution managériale" pour la tête d'Havas, la confiance n'existe pas entre l'actionnaire Vincent Bolloré et le PDG Alain de Pouzilhac. Au point que chacun demande à l'autre des garanties formelles et juridiques sur les engagements pris verbalement...Prendre acte du désaveu. Une seule chose est sûre, le départ du patron d'Havas est inscrit dans les faits. Mais tout est possible sur la forme que prendra le retrait d'Alain de Pouzilhac : volontaire et immédiat (une démission), en douceur et progressif (pour permettre à un successeur choisi par Bolloré de s'installer), violent mais nécessitant quelque temps (une révocation par un prochain conseil d'administration). Douze jours après l'assemblée générale historique du sixième groupe mondial de publicité, son nouveau conseil d'administration se réunit pour la première fois cet après-midi à 15 heures. Aucun ordre du jour n'était parvenu hier soir aux dix-huit administrateurs qui devront néanmoins prendre acte du désaveu que les actionnaires ont infligé au PDG d'Havas. Ils ont élu, malgré l'opposition farouche de ce dernier, quatre administrateurs représentant le groupe Bolloré, dont Vincent Bolloré lui-même. Sur le papier, ces quatre administrateurs ne sont pas en mesure de contrôler le conseil d'administration. De fait, il compte également six dirigeants d'Havas et huit administrateurs indépendants.Pourtant, dans ce bras de fer de onze mois, Vincent Bolloré a clairement gagné le rapport de forces. Avec 22 % du capital et 26 % des droits de vote avec son allié, Sebastian Holdings, l'industriel breton semble décidé à pousser son avantage jusqu'au bout. Et, en dépit de leur réelle fidélité à l'égard de Pouzilhac, les administrateurs indépendants, et même certains dirigeants d'Havas, ne sont pas forcément prêts à le soutenir dans une guerre de tranchées face à Bolloré.Si les deux adversaires ont choisi de se rencontrer jeudi 16 mai au siège de Bolloré, c'est qu'ils étaient convaincus qu'un accord sur la suite des événements leur serait préférable à tous les deux. Alain de Pouzilhac aurait proposé de faire monter Mercedes Erra pour lui succéder. La coprésidente de la filiale Euro-RSCG France aurait été un gage de continuité. Le PDG proposait alors de conserver son poste le temps de "former" son successeur. Une solution fermement évacuée par Vincent Bolloré qui ne voudrait pas entendre, même de façon transitoire, d'un Alain de Pouzilhac à un poste exécutif.Le titre chahuté. Aussi, la solution Jean-Marie Dru comme prochain patron d'Havas prend-elle corps. Le PDG de l'agence de publicité TBWA Worldwide, filiale du numéro mondial Omnicom, avait reconnu dans une interview publiée dans le Figaro trois jours avant l'AG d'Havas "rencontrer régulièrement" Vincent Bolloré et Alain de Pouzilhac. "Mais cela n'a rien à voir avec Havas", assurait ce Français de cinquante-six ans désireux de "mettre un terme aux multiples rumeurs" qui le voyaient comme le prochain patron d'Havas. Il n'empêche, selon un proche du dossier, Vincent Bolloré l'aurait sondé il y a plusieurs mois déjà sur une telle hypothèse. Détestant l'incertitude, les marchés ont fait baisser hier l'action Havas de 2,25 % à 4,78 euros.Jean-Baptiste Jacqu
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