Un partenaire britannique pour le courtier Gras Savoye

Premier courtier français avec un chiffre d'affaires de 1,15 milliard de francs en 1996, Gras Savoye est sur le point de résoudre son problème de représentation à l'étranger. Après plusieurs mois de recherche, le groupe présidé par Patrick Lucas avait recentré ses négociations ces dernières semaines avec deux partenaires britanniques, les courtiers Sedgwick et Willis Corron. Les discussions se sont accélérées ces derniers jours. Hier, le groupe Sedgwick, troisième acteur mondial avec 8,75 milliards de francs de chiffre d'affaires, semblait être le favori. Face à lui, Willis Corron pouvait aussi constituer un partenaire international de choix : quatrième courtier mondial, ce dernier a réalisé l'an passé 6,61 milliards de francs de chiffre d'affaires. Recomposition. Neuvième courtier sur le marché français, la Sedgwick n'a jamais caché son intention de se renforcer dans l'Hexagone où son chiffre d'affaires a plutôt tendance à stagner depuis deux ans (210 millions de francs en 1996). En tout état de cause, l'accord de partenariat en cours de finalisation devrait impliquer une recomposition du tour de table de Gras Savoye. Resté jusqu'à présent indépendant, avec 70 % de son capital entre les mains des familles fondatrices, le courtier français compte aussi à son tour de table trois assureurs, AXA-UAP, Athéna et les AGF. Ces derniers, qui détiennent chacun 10 %, avaient déjà indiqué qu'ils n'avaient pas vocation à rester durablement dans le capital du courtier. « Nous regardons l'évolution de l'actionnariat avec intention », déclaraient encore récemment les AGF. L'onde de choc provoquée par la vague de concentration mondiale dans le courtage d'assurances ces derniers mois, a fragilisé la position de Gras Savoye. Du jour au lendemain, le réseau Unison avec lequel il était lié et qui regroupait une douzaine de partenaires à travers le monde a volé en éclats. Le rachat, en mars, du pilier américain Johnson & Higgins par Marsh et McLennan, a grippé la mécanique. Vers une solution idéale. Depuis, Gras Savoye cherche la solution idéale qui lui permettrait de se muscler à l'étranger tout en conservant son indépendance à l'heure où les cabinets français passent les uns après les autres sous pavillon étranger. De quoi faire dire à certains professionnels qu'une alliance avec Willis Corron, jugé moins hégémoniste que Sedgwick, serait de nature à mieux préserver cette indépendance. Beaucoup estiment que la Sedgwick ne se contenterait pas d'une participation minoritaire dans Gras Savoye. Un point fort sensible qui pourrait faire achopper les discussions au dernier moment. Hier soir, on se refusait à tout commentaire au siège du courtier français. Patrick Lucas étudiait de longue date différents schémas. Les deux premiers groupes américains, Marsh et McLennan (31,9 milliards de francs de chiffres d'affaires) et Aon (22,33 milliards de chiffre d'affaires) avaient témoigné leur intérêt pour Gras Savoye. Mais, explique un proche du dossier, le premier aurait finalement préféré se renforcer en Allemagne tandis que les discussions avec le deuxième n'ont pas abouti. Parallèlement, Gras Savoye faisait savoir qu'il privilégiait une alliance franco-française, une solution écartée finalement parce qu'elle ne résolvait pas le problème des activités internationales du courtier. En cas d'accord avec la Sedgwick, cette dernière bouclerait ainsi sa première opération d'envergure depuis qu'Aon et Marsch et McLennan se sont engagés dans une lutte à couteaux tirés pour prendre le leadership mondial. Sybil Rizk
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