En France, la réduction du temps de travail plutôt que les « charrettes »

Si les effectifs des banques britanniques sont soumis à rude épreuve (voir ci-dessus), ils ne sont pas les seuls, loin s'en faut. Aux Etats-Unis, le mouvement de concentration en cours laissera également des traces profondes : chaque opération de fusion annoncée s'accompagne de plans d'économie drastiques, avec plusieurs milliers d'emplois supprimés à la clé. En France, où le secteur bancaire a pourtant jusqu'ici été épargné par la restructuration qu'on lui promet depuis des années, les effectifs continuent de se réduire avec une régularité de métronome. Selon les toutes dernières statistiques de l'Association française des banques (AFB), arrêtées au mois de mars 1995, mais dont l'AFB estime qu'ils peuvent être extrapolés sur l'année, l'emploi dans les banques françaises (226.300 personnes soumises au régime de l'AFB, selon les chiffres du comité des établissements de crédit) s'est contracté de 2 % par an en moyenne entre 1990 et 1995. Ces coupes, rendues nécessaires par l'évolution technologique des activités bancaires et la sous-productivité notoire des établissements français (qui affichent en moyenne un coefficient d'exploitation de l'ordre de 75 %), touchent pour l'essentiel les emplois peu qualifiés. Une situation classique dans un secteur où les tâches administratives ont tendance à être automatisées et réduites au maximum, au profit des fonctions de terrain, notamment commerciales. Ainsi, alors que les effectifs totaux ont décru en moyenne de 2 % par an au cours de la période 1990-1995, les postes d'employés (disposant d'un coefficient compris entre 270 et 365 dans la convention collective) ont fondu de 17,2 %. Pour leur part, les gradés (coefficient compris entre 395 et 535) ont vu leur emploi à peu près sauvegardé, avec une baisse de seulement 0,1 % par an en moyenne sur cinq ans. Quant aux cadres (de 655 à 1.000 de coefficient), ils tirent le mieux leur épingle du jeu, avec une augmentation des effectifs de 2,6 % par an en moyenne sur cinq ans. FO s'attend à 30.000 emplois supprimés d'ici à l'an 2000 Pour l'année qui commence, et celles qui vont suivre, il est vraisemblable que cette tendance se poursuive. Voire même s'accélère si l'on croit les prévisions peu optimistes de Pierre Gendre, secrétaire général de la fédération banque de FO, pour qui il faut s'attendre à 30.000 suppressions d'emplois dans les banques françaises d'ici à l'an 2000. Un chiffre que les banquiers ne contestent pas et qui sous-entend une hausse d'environ 3 % des réductions d'effectifs dans le secteur. D'autant qu'à côté des grands établissements, qui se sont jusqu'ici efforcés de ne pas recourir aux licenciements, de nombreuses banques moyennes, prises dans la crise de l'immobilier et confrontées à des problèmes de rentabilité, ont déjà mis en place ou envisagent des plans sociaux. Pour gérer cette détérioration de la situation de l'emploi, patronat et syndicats bancaires cherchent de nouvelles pistes, et notamment celles offertes par l'aménagement du temps de travail. Ainsi, selon le directeur des affaires sociales de l'AFB, Olivier Robert de Massy, 1.500 emplois ont pu être sauvés entre 1993 et 1994 grâce au temps partiel. C'est la raison pour laquelle les partenaires sociaux vont se retrouver à partir du 8 janvier pour plusieurs séances de négociations portant précisément sur l'aménagement et la réduction du temps de travail, l'annualisation, les préretraites, le temps partiel, le compte épargne temps, voire la réduction générale du temps de travail. Autant de concepts dont tout le monde s'accorde à reconnaître les bienfaits, mais qui suppose de régler un préalable déterminant et particulièrement épineux : les éventuelles réductions de salaires qui accompagneraient la modification du temps de travail. G. de C.
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