Des dirigeants toujours bichonnés

En France, la plupart des régimes à prestations définies ont été fermés. Mais, rassurez-vous, il reste quelques happy few : les présidents et leurs plus proches collaborateurs, pour lesquels il y en a de plus en plus ! "Ces retraites chapeau jouent un rôle croissant dans la rémunération globale des dirigeants ou membres du comité de direction ou du comité exécutif, dit la spécialiste des rémunérations des dirigeants, Jacqueline Maffieux, chez Hewitt & Associates. À partir de cinquante ans, la plupart l'exigent au recrutement." Or rares sont les entreprises qui font preuve d'une véritable transparence sur la question.Il va falloir que cela change. En tant qu'élément à part entière de la rémunération, dont la charge annuelle doit être comptabilisée chaque année, elles devraient désormais être identifiées dans le rapport annuel. Car pour atteindre 70 % du dernier salaire avec un taux de remplacement, par exemple, de 40 % au titre des régimes obligatoires, la promesse de retraite chapeau porte sur 30 % du salaire sur vingt ans. Soit six années de salaire ! Avec la hausse vertigineuse des rémunérations des dirigeants, et la baisse du taux de remplacement, leurs montants ont explosé ces dernières années. Difficile, dans ces conditions, de monter en douce un régime de retraite en or massif, même pour un dirigeant très convoité. Les comités de rémunérations et d'audit ne peuvent plus les ignorer : "Désormais, les comités de rémunérations ou les directions financières commandent une étude actuarielle pour connaître le coût annuel et le coût global des promesses, dit l'actuaire François Lusson, ce qui permet d'informer le conseil d'administration." Étape cruciale alors que la loi Breton d'août 2005 prévoit que ces régimes dorés pour dirigeants seront désormais soumis à l'approbation de l'assemblée générale dans le cadre des conventions réglementées.On ne pourra plus faire l'impasse sur les vraies questions : À partir de combien d'années au service d'une entreprise un dirigeant pourra-t-il prétendre bénéficier de la retraite chapeau ? Un dirigeant parti avant sa retraite légale doit-il bénéficier d'une retraite chapeau ? Dans certains groupes, comme Axa ou la Société Générale, c'est non. Faut-il intégrer la part variable dans le revenu qui devra être retenu pour base du calcul des retraites ? Et ce, sur combien d'années, six mois ou cinq ans ? Peut-on transformer, sans demander l'approbation des actionnaires, une promesse de rente en capital, comme en a bénéficié Serge Weinberg, qui a obtenu pour prix de son départ de PPR le versement d'un capital de 11 millions d'euros, en sus des 5,3 millions d'indemnités de départ ? Car, pour les actionnaires, ça change tout : la sortie en capital supporte les charges sociales à hauteur de 40 % environ que ne supporte pas la rente. Pour que les retraites chapeau n'apparaissent pas comme le dernier jackpot clandestin des dirigeants, il serait temps que l'on mette un peu de clarté dans les usages. Et que les actionnaires ne découvrent pas l'ampleur de leurs engagements au départ des dirigeants.V. S.
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