Paris trébuche sur les projets du gouvernement

« Le marché français a enfin compris que les socialistes étaient revenus aux affaires. » Cet intervenant anglo-saxon, négatif sur les actions françaises depuis la nomination de Lionel Jospin à Matignon, retrouvait de la voix, hier, alors que la succcession de records de ces dernières semaines lui avait donné tort. Depuis la victoire de la gauche aux élections législatives anticipées, l'indice CAC 40 a en effet progressé de plus de 19 %. Mais hier, le baromètre de la Bourse de Paris, qui avait pourtant gagné plus de 1 % en touchant 2.986,09 points dans la matinée, a finalement terminé sur un recul de 1,17 % pour une clôture à 2.909,45 points, alors que le volume de transactions a porté sur 11,3 milliards de francs sur le marché à règlement mensuel. De l'avis unanime des opérateurs, cette baisse du marché parisien est liée à la confirmation par Catherine Trautmann, le porte-parole du gouvernement, du projet de taxation supplémentaire des profits des entreprises afin de financer certaines mesures sociales. Si cette initiative devait être appliquée, elle serait en effet préjudiciable à la capacité d'auto-investissement de ces sociétés et donc à leurs profits futurs, et représenterait une menace pour les dividendes versés aux actionnaires. Ascension terminée ? Les plus pessimistes estiment que hier la Bourse de Paris a touché en séance son plus haut niveau de l'année et devrait désormais entrer dans une phase prolongée de consolidation. Chez les intermédiaires non résidents, la tendance commence également à tourner au pessimisme, notamment en ce qui concerne la mise en place de la monnaie unique européenne. Dans la dernière livraison de sa revue des marchés européens, la banque d'investissement américaine Morgan Stanley Dean Witter remarque que Lionel Jospin « joue avec le feu » en affirmant qu'il tiendra les engagements du traité de Maastricht tout en annonçant de nouvelles dépenses publiques avec effet immédiat. De son côté, la banque d'affaires britannique Schroders met l'accent sur le manque de visibilité sur les implications macroéconomiques de la politique du nouveau gouvernement français en soulignant notamment le niveau élevé des dépenses publiques par rapport au PIB. Correction logique. Toutefois certains professionnels parisiens tiennent à minimiser la portée d'une éventuelle surtaxation des entreprises. « Le marché est monté en chandelle, il est tout à fait normal qu'il enregistre une correction », souligne le responsable du trading actions d'une société de Bourse. Selon un analyste chartiste, « les fondamentaux français restent excellents et le marché des actions a seulement eu peur de toucher les 3.000 points qui constituent un seuil psychologique ». Le marché obligataire restait hier bien orienté, puisque l'échéance septembre de l'emprunt notionnel à 10 ans du Matif a gagné 24 centièmes en terminant à 129,66 alors que le taux de rendement moyen des OAT à 10 ans s'est détendu de 1 point de base (0,01 %) à 5,53 %. Il est vrai que cette fermeté est essentiellement liée à des facteurs extérieurs comme la bonne orientation des bons du Trésor américain et à la forte remontée du dollar. Pierrick Pédel
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