Le Japon a son Carl Icahn. Comme le raider américain, le milliardaire Eitaro Itoyama rêve de débarquer le dirigeant de la boîte dont il est actionnaire. Comme Carl Icahn, rendu célèbre pour sa prise de contrôle de la compagnie aérienne TWA en 1985, et qui donne aujourd'hui de la voix chez Time Warner, Itoyama trépigne chez Japan Airlines (JAL). Le 15 février, quatre membres du conseil d'administration de la première compagnie aérienne japonaise ont remis une pétition à Toshiyuki Shinmachi, président de JAL, lui réclamant tout bonnement sa tête. À l'origine de cette pétition, signée par plusieurs dizaines de cadres : Eitaro Itoyama, premier actionnaire individuel de JAL avec 4 % du capital. Depuis une semaine, cet ancien membre du Parlement japonais exige le départ sans délai du dirigeant. Il a pris la mouche le 6 février, lorsque JAL a annoncé un triplement de sa perte nette au troisième trimestre de l'exercice 2005-2006 (clos le 31 mars), à 11 milliards de yens (79 millions d'euros). Pour Eitaro Itoyama, la cherté du carburant a bon dos. Il dénonce la mauvaise gestion de Shinmachi, qui démotive les salariés. Au point que certains avions de JAL décollent sans autorisation de la tour de contrôle, et perdent des pièces en plein vol !Ces manquements à la sécurité font le bonheur d'All Nippon Airways. Fin janvier, la deuxième compagnie aérienne japonaise a rehaussé de 70 % (!) son objectif de bénéfice net pour l'exercice 2005-2006, à 17 milliards de yens. Mais Toshiyuki Shinmachi, arrivé aux commandes de JAL il y a moins d'un an, s'accroche à son siège, rappelant qu'il a pour mission de redresser le transporteur "à moyen terme". Reste qu'Eitaro Itoyama était parvenu à renverser la direction de JAL en mars 1998. Et qu'il a déjà une idée de l'éventuel successeur de Shinmachi. Il verrait d'un bon oeil l'arrivée d'un PDG étranger, clone du Franco-Brésilien d'origine libanaise Carlos Ghosn, artisan du redressement du constructeur automobile japonais Nissan, et aujourd'hui patron de Renault.
Le Carl Icahn japonais
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