Ultimes tractations sur la dette d'Eurotunnel

Àquelques jours de l'expiration du délai de négociation sur la dette de 9 milliards d'euros d'Eurotunnel, le 12 juillet au soir, le bras de fer entre les défenseurs de l'accord préliminaire de restructuration de la dette signé par le président du groupe concessionnaire du tunnel sous la manche, Jacques Gounon, et les créanciers obligataires contestataires a pris une nouvelle tournure vendredi. C'est du moins ce que laissait entendre la direction d'Eurotunnel à l'issue de sa réunion avec les représentants des créanciers (BNP, CIC, Close Brothers, le Crédit Coopératif et Arco) de l'entreprise.Les obligataires auraient au bout du compte accepté le plan de restructuration de l'entreprise. Du moins dans ses grandes lignes : la valeur de l'entreprise, le niveau de la dette supportable (4,2 milliards d'euros), ainsi que la dilution des actionnaires à hauteur de 13 %. Les obligataires accepteraient donc de supporter une part importante de la réduction de la dette d'Eurotunnel.Marge de manoeuvre. Sur l'accord qui prévoit l'émission de titres cotés " hybrides ", pour 1,5 milliard d'euros et 120 millions d'euros (pour des titres d'une valeur faciale de 2,9 milliards d'euros) offerts en contrepartie aux créanciers obligataires, Jacques Gounon, qui dispose d'une marge de manoeuvre de négociation, a fait de nouvelles propositions à ces derniers sur les titres hybrides comme sur la dette mezzanine (512 millions d'euros).Moyennant quoi, les parties en présence auraient décidé de se revoir le 11 juillet pour parvenir à un " accord consensuel ". Si le spectre d'un dépôt de bilan paraît s'éloigner pour l'heure, un accord de 100 % des créanciers est néanmoins nécessaire pour que le plan de refinancement soit validé et présenté en assemblée générale d'actionnaires le 27 juillet. " Les conditions sont tout à fait réunies pour trouver une entente ", a estimé vendredi Jacques Gounon.Fortes oppositions. À voir ! Car l'Arco, l'Association représentant les créanciers obligataires, a dans un communiqué publié vendredi soir contredit les affirmations de Jacques Gounon en réitérant son hostilité à l'accord préliminaire sur la dette qui demeure " inacceptable et caduque ". L'opposition reste aussi de mise chez les représentants des actionnaires. " Nous dénonçons la supercherie de ce plan qui dit vouloir défendre l'intérêt des actionnaires en luttant contre la dilution. Les cash-flows dégagés par l'entreprise seront complètement absorbés par les frais financiers et ne permettront pas à l'action de prendre de la valeur ", affirme l'Adacte. Selon ses calculs, Eurotunnel réalisera au mieux 265 millions d'euros de résultat d'exploitation en 2007, qui ne pourront pas couvrir les frais financiers de la dette (de l'ordre de 400 millions d'euros en 2007).Dans ce cas, poursuit l'Adacte, Eurotunnel sera déficitaire à cette date et ne sera donc pas en mesure de racheter des titres " hybrides " et de rembourser sa dette mezzanine comme prévu par le plan. C'est en tout cas ce qu'elle va tenter d'expliquer le 12 juillet à Patrick Ollier, le président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée, qui avait accordé son soutien la semaine dernière au plan de Jacques Gounon.
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