Les nouveaux élus irlandais n'auront qu'une chose en tête : renégocier le plan de sauvetage

Jusqu'au bout, Brian Cowen se sera accroché. Mais après deux ans et demi catastrophiques en tant que Premier ministre irlandais, il doit dissoudre ce mardi le parlement, appelant à des élections pour le 25 février. C'est probablement la fin de sa carrière politique : depuis la semaine dernière, il n'est même plus le leader de son propre parti, le Fianna Fail. Pour son parti aussi, c'est l'anéantissement quasi-assuré. Alors qu'il est au pouvoir quasiment sans interruption depuis un siècle, sa cote de popularité est à un plus bas historique : les derniers sondages leur donnent 16% d'intention de vote, alors qu'ils avaient recueilli 42 % lors des dernières élections.Selon toute vraisemblance, le nouveau gouvernement sera constitué d'une coalition entre le Fine Gael (33 % de soutien dans les sondages) et les travaillistes (21 %). Or ces deux partis font campagne autour d'un thème clé : renégocier les conditions du plan de sauvetage du FMI et de l'Union Européenne. C'est en particulier le taux d'intérêt moyen pour rembourser l'aide de 85 milliards d'euros, à 5,8%, qui est jugé exorbitant.La question du taux d'intérêtEnda Kenny, le leader du Fine Gael et probable prochain Premier ministre, l'a rappelé samedi lors d'une rencontre avec Jose Manuel Barroso, le président de la commission européenne. « Je lui ai dit clairement que si nous étions élus, nous chercherions à renégocier notre plan de secours. » Selon lui, il en va de l'intérêt du reste de l'Union européenne. Car un taux d'intérêt trop élevé risque simplement d'enfoncer un peu plus l'Irlande. D'autant que l'économie reste en berne, avec à peine 1 % de croissance prévue en 2011.Le problème est que non seulement la Commission, mais aussi, et surtout, la Banque centrale européenne (BCE), ne veulent pas entendre parler d'une renégociation. « Quand on change de gouvernement, le nouvel exécutif ne peut pas renier les engagements du précédent », affirmait à la télévision irlandaise RTE Lorenzon Bini Smaghi, un membre du conseil exécutif de la BCE. Cette ligne dure tiendra-t-elle face à la réalité ? Karl Whelan, professeur d'économie à l'University College Dublin, estime que le niveau des taux d'intérêt est tel que cela rend très difficile la stabilisation de la dette irlandaise. En d'autres termes, la crise est loin d'être finie... Éric Albert, à Londre
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