Délicate reconstruction pour BP

cite>BP sort doucement la tête de la marée noire. Après la catastrophe de sa plate-forme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, la compagnie pétrolière se redresse. Annonçant ce mardi ses résultats annuels, elle devrait faire un geste très attendu pour ses actionnaires : reprendre le paiement de ses dividendes. Mais ses nouveaux investissements en Russie, avec un échange de participation avec la compagnie pétrolière nationale Rosneft, inquiètent : « Le risque est que BP saute de la poêle à frire pour aller dans le feu », commente Andrew Neff, d'IHS, une société d'analystes spécialisés dans le pétrole.Depuis l'explosion du puits Macondo fin avril 2010, le redressement est cependant clair. Le cours de Bourse a rebondi de 60 % depuis son point-bas (même s'il reste 25 % en dessous de son point-haut). La principale explication vient des États-Unis, où le rapport d'enquête sur la catastrophe écologique a jugé que l'ensemble de l'industrie pétrolière était coupable. Autrement dit, en partageant la responsabilité, BP devrait échapper à l'accusation de « négligence grave », qui aurait triplé le montant de l'amende et concentré sur la compagnie pétrolière tous les paiements. Au lieu de cela, BP va pouvoir répartir la facture avec ses deux sous-traitants - Halliburton et Transocean - et avec les deux autres entreprises qui possèdent le puits Macondo (BP en a 65 %, Mitsui Oil Exploration et Anadarko en détiennent 35 %). En conséquence, les 40 milliards de dollars (29,2 milliards d'euros)que BP a mis de côté pour couvrir la catastrophe seront très probablement suffisants. Cela pourrait même être trop : Ken Feinberg, l'administrateur du fonds de compensation aux victimes de la marée noire, affirmait courant janvier qu'il n'aurait sans doute pas besoin de l'utiliser dans son intégralité.RevancheLe deuxième tournant pour BP a été la signature mi-janvier d'un méga-accord en Russie avec Rosneft, la compagnie pétrolière nationale. Les deux entreprises prennent des participations croisées (BP aura 9,5 % de Rosneft qui prendra 5 % de la major britannique). Ensemble, elles vont explorer une zone arctique russe de 125.000 kilomètres carrés, représentant la taille et le potentiel de la mer du Nord au Royaume-Uni. Pour Bob Dudley, qui a pris les rênes de BP après la marée noire, c'est une revanche : il avait été expulsé de Russie en 2008 quand il dirigeait la joint-venture TNK-BP.Cet accord est cependant risqué. Les actionnaires russes de TNK-BP, Alfa-Access-Renova, cherchent à le bloquer en justice. Ils affirment que BP est tenu en Russie de ne travailler qu'à travers leur joint-venture. Stratégiquement, cela pose aussi des questions : BP a vendu plus de 20 milliards de dollars d'actifs pour financer la facture de la marée noire, et ses revenus sont désormais très dépendants de la Russie. Malgré le rebond de son entreprise, Bob Dudley sera attendu au tournant ce mardi pour s'expliquer sur sa stratégie.
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