Les hackers déstabilisent les marchés du CO2

Attenzione, Achtung, Beware ! Selon nos informations, les détenteurs européens de quotas de CO2 ont reçu, la semaine dernière, de drôles de courriels, qui ont semé la panique dans le système des quotas. Treize pays sur vingt-sept dont l'Allemagne, l'Espagne et les Pays-Bas ont même été contraints lundi de suspendre toutes les opérations sur le CO2. lenteur de la réactionLes premiers courriels demandaient aux membres de rentrer leurs codes d'accès pour intervenir sur le marché des quotas. Les suivants les alertaient de surtout... ne pas le faire. De quoi faire perdre le peu de latin qui restait aux cristalliers, aciéristes et autres banquiers intervenant sur le marché des quotas. D'autant que ces mails, provenant de hackers tout d'abord, puis des registres nationaux, étaient soigneusement écrits dans l'une des vingt-sept langues natales. Les premiers avaient pour objectif d'« hameçonner » les informations, ce que les Anglais appellent le « phishing », pour « password harvesting fishing », pêche aux mots de passe, un fléau courant dans le commerce sur Internet. Les seconds provenaient des teneurs de registres paniqués, qui imploraient de ne surtout pas divulguer les informations. Plusieurs registres ont immédiatement fermé. En France, celui que tient la Caisse des dépôts a été indisponible quelques heures jeudi dernier, le temps de demander aux membres de modifier les mots de passe. D'autres ont été priés d'en faire autant par un invité surprise sur le marché des quotas : l'International Transaction Log (ITL). Il s'agit d'une branche informatique du bras armé de l'ONU sur les questions climatiques, installé à Bonn. L'ITL se borne théoriquement à gérer les tonnes de CO2 hors Europe, générées dans le cadre du mécanisme de développement propre, et de leur transfert dans le mécanisme européen, le Community Independent Transaction Log (CITL). Le fait que l'ITL s'improvise en autorité de régulation d'un jeune marché financier en manque de parentèle n'a rien d'anodin. Une fraude équivalente à 5 milliards voire 10 milliards d'euros pour les budgets des États européens s'est déjà épanouie, depuis la mi-2008, sur le marché du CO2. La lenteur de la réaction de l'Europe sur le sujet ne cesse d'intriguer. Sur le hameçonnage, l'alerte aurait pu être donnée plus tôt. Mi-janvier, le registre danois, réputé comme la passoire des registres européens, et souvent montré du doigt par les autres pays, avait en effet fait l'objet d'une attaque similaire, et avait dû fermer plusieurs jours. Aline Robert
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