Explosion de Carling  : Total à l'heure des explications

La grève nationale contre le projet de fermeture de la raffinerie des Flandres, dans la région de Dunkerque, a décalé de quelques semaines une étape importante du dossier sécurité chez Total. Le groupe pétrolier va présenter ce mercredi aux organisations syndicales les conclusions de l'enquête interne lancée en août dernier dans les treize usines du groupe classées Seveso, après la série d'accidents industriels qui ont provoqué la mort de quatre personnes en 2009 au sein de l'entreprise en France.Le sujet reste très fortement d'actualité chez le pétrolier français, qui affiche un taux de fréquence des accidents du travail supérieur à celui de ses concurrents. Dans les prochains jours, l'usine pétrochimique de Carling (Moselle) doit redémarrer le vapocraqueur, dont l'explosion d'un des deux surchauffeurs, le 15 juillet 2009, a fait deux morts et sept blessés. L'enquête judiciaire est en cours, mais les conclusions de l'Inspection des installations classées et du CHSCT du site relèvent une série de manquements graves. Interrogé, Total se contente d'indiquer que « la veilleuse des brûleurs n'avait pas été allumée ». Selon le CHSCT, cette sécurité, qui aurait permis de détecter l'arrivée massive de gaz, a été désactivée dès l'installation de l'équipement, en 1969, car considérée comme peu fiable. Mais sans que des mesures alternatives de sécurité soient prises.Total passe également sous silence les deux autres manquements relevés par les inspecteurs des installations classées, dans l'arrêté préfectoral de mise en demeure daté du 7 septembre 2009. Ils soulignent que deux gestes de sécurité, prévus avant tout réallumage du surchauffeur, n'ont pas été effectués : « la mesure d'explosivit頻 et « le balayage », c'est-à-dire l'injection de vapeur avant l'allumage. Enfin, cet équipement ne disposait pas, comme son voisin, d'un système d'allumage à distance, ce qui obligeait les agents à s'approcher.Total affirme avoir effectué « les modifications nécessaires » avant la prochaine remise en service du surchauffeur non endommagé : « aménagement des automates de sécurité, mise en place de commande à distance ». Le second équipement - celui qui a explosé - ne redémarrera pour sa part qu'à la fin du premier semestre 2010. En fonction des conclusions de l'instruction, les dirigeants du groupe pétrolier peuvent encourir une mise en examen pour « mise en danger de la vie d'autrui ». Le directeur de l'usine de Carling vient d'être muté, début février, dans une unité belge du groupe.La réunion de demain est très attendue. « Plusieurs incidents ces derniers mois montrent que Total a tiré peu d'enseignements des graves accidents survenus l'an dernier », déclare Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe. Le 15 février dernier, une fuite d'hydrogène sur le site de Gonfreville, près du Havre (Seine-Maritime), a ainsi réveillé les craintes dans cette usine pétrochimique où un dégagement d'hydrogène avait enflammé un bac d'acide sulfurique le 5 août 2009, blessant grièvement trois personnes. « Il s'est écoulé dix heures entre le signalement de la fuite de ce liquide hautement inflammable, au coeur de l'usine, et la décision d'arrêter l'installation », accuse Daniel Bachelet, délégué central CGT dans la branche pétrochimie de Total. « C'est inadmissible, six mois après l'accident. On ne sent aucun changement de politique », ajoute-t-il.Total affirme pourtant avoir lancé dans tous ses sites pétrochimiques la « poursuite des efforts touchant à la sécurit頻 : prise en compte par les salariés du retour d'expérience des accidents ; révision de toutes les procédures critiques avec les opérateurs ; gestion renforcée de tous les « presque accidents » et présence accrue de l'encadrement sur le terrain. n
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