Millipore tombe finalement dans l'escarcelle de l'allemand Merck KGaA

C'est finalement Merck KGaA qui a eu le dernier mot. Au terme d'un suspense d'une petite semaine, le groupe allemand de pharmacie et de chimie a annoncé lundi le rachat de l'américain Millipore pour un montant de 5,3 milliards d'euros. Un autre américain, Thermo Fisher, leader mondial des équipements pour laboratoires, était pressenti pour lancer une OPA sur ce fabricant de matériel pour sociétés de biotechnologie (filtres, composés chimiques...). General Electric avait aussi été évoqué.Mais c'est en Europe que Millipore a trouvé son chevalier blanc. Merck va payer 107 dollars par action, soit une prime de 13 % par rapport au dernier cours de la cible. Le prix paraît élevé : il représente une surenchère de 20 % sur les 6 milliards de dollars que Thermo Fisher semblait prêt à mettre sur la table. Surtout, il valorise l'américain à plus de quatre fois son chiffre d'affaires 2009 (1,2 milliard d'euros) et près de 20 fois son excédent brut d'exploitation (Ebit). Mais il a été jugé cohérent par les analystes : le titre Merck a terminé la séance en hausse de près de 3 % à la Bourse de Francfort ce lundi.synergies de coûtsLes dirigeants de Merck, qui ont réalisé 7,7 milliards d'euros de ventes l'an dernier, ont justifié l'opération par la volonté de se doter d'un « troisième vecteur de croissance ». L'allemand, qui tire les deux tiers de ses ventes de la pharmacie et le reste de la chimie, pourrait en avoir besoin. Car, en novembre, les autorités de santé européenne (EMEA) ont donné un avis négatif pour une nouvelle utilisation de son médicament vedette, l'Erbitux, (700 millions d'euros de ventes en 2009, contre le cancer du poumon) sur lequel il fondait de gros espoirs. En chimie, Merck demeure leader mondial des cristaux liquides mais ses ventes ont reculé de 17 % l'an dernier. Avec Millipore, cette dernière division passera de 25 % à 35 % du chiffre d'affaires.L'opération fait aussi sens sur le plan industriel, car Millipore possède deux de ses trois principales usines en Europe : en Irlande (Cork) et en France, à Molsheim (Alsace) où le groupe emploie quelque 1.200 salariés sur 6.000. Pour l'heure, Merck n'a pas donné de précisions sur les conséquences sociales du rachat. Il en attend des synergies de coûts annuelles de 75 millions d'euros d'ici trois ans. L'opération, financée en cash et par recours à l'emprunt, devrait être finalisée au second semestre 2010.Une histoire similaire pourrait rapidement agiter le secteur : Astellas, deuxième groupe pharmaceutique japonais, a lancé lundi une OPA de 3,5 milliards de dollars sur l'américain OSI. Lequel a rejeté l'offre, la jugeant « très significativement sous-évaluée ». AUDREY TONNELIER
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