François Hollande ou la dissonance présidentielle

Ce qui a marqué la longue intervention télévisée de François Hollande hier soir, c\'est la narration oublieuse du Gouvernement et de son Premier ministre. Nicolas Sarkozy, l\'hyper président déclaré et assumé, citait assez souvent ceux qu\'il qualifiait de « collaborateurs », François Hollande, le Président qui se disait normal a attendu plus d\'une heure pour évoquer le seul titre de Premier ministre. Exit les membres du Gouvernement. Ils ont disparu, comme aspirés par un stratégie offensive de repositionnement du Chef de l\'Etat là où il disait ne pas vouloir être : un chef seul en face de la crise, en face des choix et des décisions, un Président de combat à la fois guide protecteur et soldat de l\'action.Une véritable rupture de scénarioAprès 10 mois de sport collectif, il nous a proposé une véritable rupture de scénario. Voici une séquence qui s\'ouvre peut-être vers une nouvelle tonalité plus individuelle, plus présidentielle, presque, si nous osions, sarkozyste. Nous avons entendu le Président du JE. J\'AI fait, J\'AI décidé. Une tentative d\'affirmation de soi qui à ce point d\'effacement des autres, de son équipe est une première. Evoquant en fin d\'émission le caractère collectif d\'un Gouvernement, il nous a avoué qu\'il avait fermement engagé les ministres à respecter la discipline de cette « équipe » et en a même profité de cette soirée avec les français pour les avertir publiquement que plus aucun manquement à la règle ne serait toléré ! On vous le dit à ceux qui se moquaient, qui raillaient le chahut, l\'absence d\'autorité, de vision, François Hollande a répondu storytelling du leader calme, certain de son action, gardant le cap, assumant même le retard de résultats voire même une petite erreur de prévision de la poursuite de la crise, une forme de vérité portée par des mots simples, une recherche de proximité sereine avec les français, tous les français, au delà des intermédiaires, même ceux de son propre parti. Presque du populisme modéré !*Professeur associé à l\'Université de Paris 1 la SorbonneConseil en communication d\'influence Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals Comme un sourire qui s\'affiche sur le visage du présidentAu delà du contenant de la mise en scène, l\'analyse du scénario est plus incertaine. Cette narration du chef reposait nécessairement aussi sur des éléments de contenu qui s\'avèrent eux moins ambitieux. D\'abord une séquence rappel des faits et des actes. Le tout résumé dans le terrible concept de « boîte à outil » répété comme l\'arme absolue de retour vers la croissance ! Ou comment effondrer les intentions d\'affirmation du nouveau style évoqué plus haut ! Peu importe la pertinence des mesures ainsi ramassées, l\'intensité, la violence de la crise qui nous bouscule ne peut être répondue par une boîte à outil. La séquence des nouveautés débute elle par l\'annonce du Choc de simplification. Il y a comme un sourire qui s\'affiche sur le visage du Président. Un sourire partagé, peut-être pas pour les mêmes raisons, chez les téléspectateurs citoyens. Simplifier c\'est une bonne idée, pas tout à fait neuve, mais l\'associer avec le concept de choc, c\'est osé. Et surtout quand le Président détaille. Comme un doute qui s\'installe. Nouvelle rupture, la seconde de cette intervention, cette fois entre le ton, la ligne et les supports de cette narration. Comme un trop plein de mesures, entre constats, prévisions et engagements. Très vite nous sommes en perte de lisibilité.Le scénariste a divorcé du metteur en scène et de l\'acteurOn voudrait suivre le chef qui s\'affirme, s\'impose, mais on ne sait pas trop bien vers quoi, quand et comment. Le scénariste a divorcé du metteur en scène et de l\'acteur. Communication du rappel, communication du détail, les deux un peu trop clairement technocratiques à l\'opposé des élans mobilisateurs et rassembleurs.C\'est cette dualité qui demeure à la fin. Une dissonance entre le contenant et l\'intention du geste, du verbe haut, et la réception brumeuse, incertaine d\'un contenu trop complexe et encore très, trop programmatique après 10 mois de présidence. La confiance se gagne sur les actes et les résultats, il en a fait l\'aveu hier soir et il a promis. Il nous reste à espérer. 
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