Une leçon d'Europe signée Tito

Les nostalgiques de la Yougoslavie ont commémoré, le 4 mai, la mort, il y a trente ans, du maréchal Tito. Le communiste, le guerrier, l'autocrate sont autant de facettes contestables de cette forte personnalité. Mais il en est une autre qui peut servir à éclairer la période actuelle, c'est celle de bâtisseur d'une fédération. Croate de naissance, Josip Broz, dit Tito, avait compris une règle de base des assemblages de nations : pour que ça marche, il ne faut jamais donner le pouvoir à la partie la plus puissante. Les Serbes, mis sur un pied d'égalité avec les Slovènes et autres Monténégrins, grinçaient des dents - comme les Croates, d'ailleurs -, mais profitaient de la « pax titiana ». Après la mort du maréchal, l'affirmation de plus en plus arrogante de la puissance serbe a mené à l'éclatement sanglant des années 1990. Quelle leçon pour l'Europe ? Dans l'assemblage qu'est l'UE, et dans le sous-ensemble qu'est la zone euro, le poids lourd est l'Allemagne. Tout a été fait pour que la puissance allemande soit contrebalancée par des moyens et des petits : le président du Conseil européen est un Belge, Herman Van Rompuy, et celui de l'Eurogroupe un Luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. L'Allemagne n'a abandonné le deutsche mark qu'à condition d'obtenir le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort. Elle prétend maintenant exercer la présidence de la BCE. C'est une mauvaise idée. Les fédérations ont besoin de lieux neutres (comme Washington DC ou Berne). Elles ont aussi besoin d'équilibre des forces. L'euro n'est pas un pays, objectera-t-on. Non, mais dans la construction européenne, l'économie joue le rôle de ciment politique. C'est pourquoi il faut lui appliquer la vieille sagesse du pouvoir. [email protected] Gherard
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