Le Stevia trébuche dès son entrée sur le marché français

groalimentaireFaux départ pour le Stevia. Cette plante issue d'Amérique latine, ou plutôt sa molécule, le rebaudioside A, est attendue comme le messie par une batterie d'industriels depuis des années. Avec un pouvoir sucrant trois cents fois supérieur au sucre, mais zéro calorie et 100 % naturelle, elle est censée jeter un sort à l'aspartame et prendre 25 % du marché mondial des édulcorants dans les cinq ans, soit plus de 12 milliards d'euros. Oui mais voilà : à peine autorisé sur le marché français, le Stevia est déjà renvoyé dans les laboratoires. Le 6 septembre dernier, un arrêté ministériel autorise discrètement son exploitation en France. L'Hexagone devient ainsi le premier pays d'Europe à pouvoir tester la molécule, après les États-Unis en décembre dernier, et alors qu'elle est déjà autorisée depuis des années au Japon, en Australie ou en Nouvelle-Zélande.Mais, mardi dernier, un arrêté de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) stipule que le Stevia « ne peut pas être utilisé en tant qu'édulcorant de table ». Du coup, plusieurs industriels se retrouvent sur le carreau après des années de recherche et d'investissement pour produire de nouvelles gammes à base de Stevia. Parmi eux, Merisant (Canderel) s'apprêtait à lancer la marque Pure Via sous forme de sticks et de poudre, et Solinest (leader des produits de devant de caisse en France), la marque Real Stevia. Hermesetas et Distriborg étaient aussi dans les rangs. « La situation est un peu calamiteuse pour ceux-là, mais beaucoup de gens avaient intérêt à ce que le Stevia ne sorte pas », souffle Béatrice de Reynal, consultante chez Nutrimarketing. Les grands sucriers sont pointés du doigt, ainsi que les fabricants d'autres édulcorants, effrayés par ce nouvel entrant. « Le problème semble être purement administratif et sera réglé d'ici à la fin de l'année », rassure le directeur général de Merisant en France, Hugues Pitre.Entre-temps, tous se sont aussi rendu compte que l'or ne serait peut-être pas au bout du chemin. Le Stevia coûte deux à trois fois plus cher que le saccharose. Or, pour se faire une place dans les rayons des grandes surfaces, les différents acteurs se livraient déjà à une guerre des prix avant même d'être référencés. « L'eldorado paraît moins beau », résume le PDG de Solinest, Bertrand Jacoberger.cultivé en zone humidePour autant, le Stevia reste autorisé s'il est utilisé comme ingrédient dans les desserts, céréales, soupes, biscuits et autres. En tête du cortège des industriels prêts à se lancer, Pepsi et Coca-Cola fourbissent leurs armes. Les deux ont déjà des produits à base de Stevia aux États-Unis : SobeLife ou Trop50 de Tropicana pour l'un, Sprite Green ou Vitamin Water 10 pour l'autre. « Nous sommes en train de déterminer quelles boissons seront concernées en France », explique la responsable nutrition de Coca-Cola, Claire Meunier. Fanta pourrait faire partie des pistes. Mais, là encore, le Stevia pose problème. Cultivé uniquement dans les zones humides, il ne pousse pas en quantité suffisante pour entrer dans une marque à gros volumes comme le Coca-Cola. Quand bien même, ses caractéristiques techniques ne lui permettent pas d'être utilisé seul, si bien qu'il doit être mélangé au sucre au lieu de s'y substituer complètement. Des subtilités qui risquent d'effrayer plus d'un Français. Sophie Lécluse
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