La finance carbone fourbit ses armes

ommet de copenhaguePerte de temps » ou seule solution contre le réchauffement climatique : à quelques jours de l'ouverture de la conférence de Copenhague, l'utilité du marché du CO2 fait encore débat. Selon un rapport des Amis de la Terre, il faudrait supprimer le système de crédits attribués aux pays du Sud, et réformer le schéma européen d'échange de quotas. D'autres voix déplorent que la finance carbone réserve peu de fonds aux investissements, et beaucoup à la spéculation. Selon la Banque mondiale, en 2008, les mouvements financiers sur le carbone étaient quatre fois plus importants que les investissements réels. Néanmoins, en dehors des ONG, peu de spécialistes doutent de l'émergence d'un marché du carbone géant ; c'est plutôt le calendrier qui fait débat.Alors qu'une journée d'échanges sur le CO2 ne représente actuellement que 5 minutes de trading sur le pétrole, le carbone pourrait représenter deux fois plus d'échanges que le pétrole d'ici dix à vingt ans, soit 3.000 milliards de dollars par an, selon un trader de Bache Trading. Pour 2009, le marché du carbone avoisinera 150 milliards d'euros, soit deux à trois jours d'échanges du combustible fossile. Selon Philippe Rosier, directeur général d'Orbeo, la filiale commune de Rhodia et de la Société Généralecute; Générale, il atteindra un mois de trading sur le pétrole d'ici à 2020, et le rattrapera d'ici à 2050.source de profitLe marché du carbone renvoie aussi à une réalité physique des émissions de CO2. « Ce marché fait preuve d'efficacité ; en octobre par exemple, son prix représentait exactement l'écart de prix entre le gaz et le charbon », assure Emilie Alberola à la Mission climat de la Caisse des dépôts. Les principaux industriels émetteurs de CO2, les électriciens, ont le choix entre brûler du charbon et acheter des quotas de CO2, ou utiliser du gaz, plus cher à l'achat, mais qui ne requiert pas d'achat de CO2 supplémentaire. La différence de prix entre le charbon et le gaz pour un même résultat thermique était exactement de 13 euros au mois d'octobre. Les entreprises concernées ont intégré le facteur CO2 dans leur stratégie. « Les grands industriels européens ont été très actifs sur le marché, surtout en 2008, ce qui est logique : pour eux, le marché du CO2 a surtout représenté une source de profit », explique Marine Zaugg, chargée du marketing de la branche matières premières de Barclays. Les allocations généreuses de quotas ont en effet permis à une majorité d'entreprises assujetties de les monétiser, à moins qu'elles n'aient décidé de les conserver, les quotas actuels étant potentiellement cessibles jusqu'en 2020.
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