« Les foncières sortiront renforcées de la crise »

Jean-Paul Dumortier, président de la fédération des sociétés immobilières et foncières (FSIf) Comment les foncières cotées ont-elles traversé la crise??Les sociétés foncières en butte à une contraction significative de la valeur de leurs actifs ont vu leur cours baisser fortement, avant de se reprendre vivement à partir du mois d'avril. Et certaines sociétés ont pu revenir lever des fonds sur le marché obligataire. Unibail, plus particulièrement, a parfaitement réussi une émission innovante (Ornane). Les foncières françaises ont su, quand c'était nécessaire, renégocier en amont le renouvellement ou l'aménagement de leur dette avec leurs banques. Leur endettement (entre 40 % et 45 % de leur actif net aujourd'hui) était, il est vrai, bien inférieur à la moyenne européenne. Après avoir souffert d'une assimilation aux valeurs financières, les foncières ont retrouvé la confiance des investisseurs qui ont constaté que leurs recettes locatives et leurs performances opérationnelles ont continué à croître en 2009. La reprise des cours a permis aux grandes foncières de gommer, à peu de chose près, leur décote sur actif net réévalué, tandis que celle des plus petites diminuait significativement. Et, tout récemment, le placement d'un gros bloc d'actions d'Altarea a été sursouscrit deux fois. On peut vraiment penser que ce secteur sortira renforcé de la crise. Le poids croissant des foncières dans les indices de la place de Paris en témoigne.Quels sont les principaux axes de travail de la Fédération??Après le nouvel indice des commerces créé en 2008, et qui se généralise sur un mode conventionnel, nous avons bon espoir que l'indice des locaux d'activités tertiaires voie le jour d'ici à la fin de l'année. Il offrira aux locataires une évolution moins volatile de leurs loyers. Au chapitre juridique, une prochaine loi de finances pourrait élargir la possibilité pour les SIIC et les OPCI de faire refinancer des actifs en recourant au crédit-bail, et la création de partenariats entre SIIC et OPCI pour réaliser des investissements serait rendue possible.La réforme de la taxe professionnelle vous menace-t-elle??La création d'une contribution complémentaire à la contribution locale d'activité vient effectivement, pour notre secteur, remettre en cause le principe de transparence fiscale que le législateur avait mis en place dans l'intérêt de tous. Reposant sur la valeur ajoutée, cette taxe recrée en réalité une imposition sur le résultat pour des sociétés qui en étaient dispensées en compensation de leur obligation de distribution et d'imposition au niveau de leurs actionnaires. Nous allons malheureusement retrouver une distorsion de concurrence avec les autres foncières européennes. Pire encore, cette situation favorise de fait la détention d'actifs en direct par les personnes physiques fortunées, qui ne sont pas soumises à la taxe. Ceci est mal venu au moment où les foncières se mobilisent pour mettre à niveau le parc de bureaux et d'activités existant dans le cadre du Grenelle de l'environnement. Le groupe de travail sur le secteur tertiaire privé, animé par Serge Grzybowski, président d'Icade, a récemment formulé des propositions pour définir des normes et des coefficients de modulation selon les spécificités des immeubles et on entrevoit bien aujourd'hui l'ampleur de ce qui reste à faire.La Fédération demandera-t-elle un report de la règle de l'actionnariat flottant des SIIC??La FSIF, qui a pu obtenir un report à deux reprises, ne demandera pas un troisième délai permettant le maintien du statut SIIC pour les sociétés qui n'ont pas élargi leur flottant à 60 % au minimum. Mais pour celles qui ne pourraient pas encore y satisfaire, la suspension du statut pourra toujours être suivie d'une mise en conformité leur permettant de le retrouver.La consolidation du secteur des SIIC que l'on attendait tarde?Ce mouvement serait logique, mais le temps n'est pas encore venu. Il suppose que le marché du crédit soit complètement rouvert. La rareté des concours bancaires, le coût élevé des fonds propres et les incertitudes que l'on peut encore avoir sur le refinancement de la dette continuent de diviser les acteurs qui pourraient nourrir le dessein de se rapprocher.
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