Bras de fer entre les journaux gratuits de Bolloré et la CGT du Livre

Le bras de fer entre le groupe de journaux gratuits Bolloréeacute; Média et une partie du syndicat CGT des imprimeries de presse est parti pour durer. Même si, du côté de « Direct Matin », le ton se veut rassurant. Après plus de deux semaines de parution suspendue, le gratuit aurait été distribué normalement à 450.000 exemplaires en région parisienne mercredi matin, fait savoir le groupe Bolloréeacute;. Pourtant, 150.000 exemplaires auraient été détruits par un groupe d'une quarantaine de personnes dans les locaux de l'imprimerie Brodard, à Coulommiers (Seine-et-Marne), affirmait l'AFP, citant une source policière. Des chiffres non confirmés chez Bolloréeacute;.« Ou bien le groupe Bolloréeacute; imprime ses quotidiens gratuits ?Direct Matin? et ?Direct Soir? sur des imprimeries de presse, ou bien ils ne paraîtront plus jamais. » L'avertissement est lancé par Gérard Le Tréguilly, secrétaire général du syndicat des rotativistes SIP-CGT. À l'origine du conflit, la décision de l'industriel breton de mettre un terme au contrat d'impression de « Direct Matin » avec Le Monde Imprimerie. Et de faire imprimer son titre par Brodard Graphique, une imprimerie de labeur non contrôlée par le Syndicat du livre, avec un régime social différent.coût d'impressionAnticipant ce bras de fer, Bolloréeacute; Média avait suspendu depuis le 15 janvier la parution de ses deux gratuits, « Direct Matin » et « Direct Soir », pour « calmer le jeu ». En vain. Le premier numéro du gratuit du matin (au format légèrement plus petit) n'a été imprimé chez Brodard que le 2 février et sa distribution a été perturbée. La parution de « Direct Soir », censé être imprimé chez Roto (du groupe Maury, comme Brodard), à Lognes (Seine-et-Marne), n'a toujours pas repris. Le titre pourrait reparaître « très prochainement », assure-t-on. Le président de Bolloréeacute; Média, Jean-Christophe Thiery, avait justifié son départ de l'imprimerie du « Monde » par une mauvaise qualité de l'impression. Autre argument, mais non dit, ce transfert réduirait de quelque 10 % les coûts d'impression. Pour le Syndicat du livre CGT, dont fait partie le SIP-CGT, le groupe Bolloréeacute;, contrairement à ses engagements écrits, « refuse de participer à l'effort de modernisation des imprimeries de la presse parisienne décidé lors des états généraux de la presse ». Une réunion s'est tenue mardi au Syndicat de la presse quotidienne nationale avec le Syndicat du livre et Bolloréeacute; Média, sans solution. Une nouvelle rencontre est prévue la semaine prochaine.Contrairement à « 20 Minutes » et à « Metro » qui, dès le départ avaient évité les imprimeries relevant du statut spécial de la presse quotidienne nationale, Vincent Bolloréeacute; avait choisi de conclure avec « Le Monde ». Certains s'interrogent sur le moment choisi pour ce divorce, alors que Bolloréeacute; Media compte lancer un quotidien payant. Divorce qui s'annonce compliqué car, outre le contrat d'impression, un accord capitalistique («Le Monde » a 30 % de « Direct Matin ») et un accord éditorial («Le Monde » et « Courrier international » fournissent des articles) avaient été conclus.« Nous avons demandé à la direction de réexaminer de près ces différents contrats avec ?Direct Matin? », explique Gilles Van Kote, vice-président du conseil de surveillance du « Monde » et président de la Société des rédacteurs. La perte du contrat du quotidien gratuit, qui se chiffre en millions d'euros, complique sans doute les négociations ouvertes avec un imprimeur espagnol pour qu'il prenne une majorité du capital du Monde Imprimerie. Sans compter que « Les Échos » songent aussi à quitter Le Monde Imprimerie pour aller sur les rotatives du « Figaro ». Le quotidien économique a même attaqué en justice le quotidien du soir.
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