Bank of America reprend son destin en main en remboursant l'État

C'est le signe d'une renaissance. Un an après avoir sauvé Merrill Lynch, Bank of America se remet en ordre de bataille. La banque va rembourser les 45 milliards de dollars d'aides publiques qu'elle avait reçues dans le cadre du plan de sauvetage des banques américaines en pleine tourmente financière à l'automne 2008. Bank of America va débourser 26,2 milliards de dollars provenant de surplus de liquidités. Le solde de 18,8 milliards de dollars sera assuré par l'émission d'obligations convertibles en actions. Cette solution permet à la banque d'opérer son remboursement au plus vite. Une fois l'opération faite, une assemblée générale extraordinaire validera la conversion des titres émis en actions.Car le temps presse. Bank of America cherche depuis trois mois un directeur général pour remplacer Kenneth Lewis, qui a déjà été destitué de ses fonctions de président du conseil d'administration avant l'été. Aucun n'a pu être choisi en raison de la présence de l'État au capital qui décourage les éventuels candidats à un poste dont les faits et gestes seraient surveillés. Mais ils sont surtout réticents à ce que le Trésor limite leur rémunération, contrôlée par le « tsar » Kenneth Feinberg. La sortie de l'État du gouvernement du capital de Bank of America devrait donc permettre de débloquer cette situation et de trouver sans difficulté un successeur à Ken Lewis.signal fortAu-delà, l'émancipation de la banque de la tutelle de l'État est un indice fort de sa volonté de reprendre son destin en main. L'opération permettra de démarrer l'année 2010 sur des nouvelles bases. Et de recommencer à pouvoir verser en début d'année prochaine des bonus aux banquiers et traders de Merrill Lynch sans la contrainte du Trésor américain. Mieux que cela, elle pourra de nouveau recruter des équipes pour compenser les importants départs enregistrer chez Merrill Lynch cette année. Là encore, la présence de l'État ne permettait pas de pratiquer des politiques de rémunérations aussi attractives que les autres banques comme Barclays ou Credit Suisse qui n'ont pas reçu d'aides publiques et sont donc libres.Enfin, le remboursement des 45 milliards de dollars d'aides publiques envoie surtout le signal fort du retour de Bank of America-Merrill Lynch dans le marché. Au mois de juin dernier, la plupart de ses concurrents dont Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan, avaient rendu les aides gouvernementales pour s'extirper des contraintes de l'administration Obama. La banque n'avait pas pu les imiter à l'époque, faute de moyen financier suffisant. Désormais, le groupe s'affiche comme l'une des trois grandes banques américaines dotée d'un large bilan et d'une importante banque d'affaires avec JP Morgan. L'opération de Bank of America (BofA) a provoqué l'envolée de l'indice de risque (CDS) de sa dette de 18 à 110 points de base. Les marchés ont tout de même applaudi. Son cours de Bourse a pris jusqu'à 7 % à 16,70 dollars à l'ouverture jeudi à Wall Street. En revanche, la décision de « BofA » place sa rivale Citigroup dans une situation difficile. Elle est désormais la seule banque américaine avec l'État à son bord. Il en détient encore 35 %.
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