Des gains salariaux grignotés par l'inflation en 2011

Derrière la polémique sur les 35 heures, lancée le week-end dernier par le député-maire PS d'Évry Manuel Valls, pointe un autre débat, celui sur les salaires. Car de quoi s'agit-il, dans cette proposition, sinon de la possibilité de « gagner plus » ? Manuel Valls lui-même a bien précisé sa pensée, mardi sur RTL : « Je propose d'augmenter de deux ou de trois heures, à négocier évidemment avec les partenaires sociaux, la durée légale du travail et donc le salaire d'autant, en supprimant également le dispositif sur les heures supplémentaires, en tout cas une partie » (lire « La Tribune » du 3 janvier). Les inquiétudes sur les salaires en 2011 se renforcent pour au moins deux raisons. D'une part, rien ne dit que le troisième round des négociations salariales annuelles dans les entreprises, qui démarrera en janvier, débouchera sur des revalorisations intéressantes pour les salariés. L'emploi s'est repris en 2010, avec 51.000 emplois créés au second semestre, mais les tensions encore vives sur le marché du travail et le taux de chômage élevé (9,1 % prévu en 2011 par l'Insee) se prêtent peu aux largesses salariales.Les budgets des augmentations devraient ainsi rester bas, à 2,5 % de la masse salariale, selon une étude Mercer menée en octobre. C'est mieux qu'en 2010 (2 %), mais encore inférieur aux années de croissance (3 %). Seul élément positif, entre 4 % et 7 % des entreprises seulement envisageraient de geler les salaires en 2011, contre une fourchette de 7 % à 17 % en 2010. Autre motif d'inquiétude, le retour de l'inflation, qui grignotera le pouvoir d'achat. En 2009, la hausse des prix à la consommation s'était maintenue à 0,1 %. Elle accélère depuis 2010, sous la pression des hausses des cours des matières premières industrielles et alimentaires. Elle reste cependant modérée, en dessous du seuil de 2 % visé par la Banque centrale européenne. Selon l'Insee, elle se situerait à 1,5 % en décembre 2010 et à 1,4 % à la mi-2011.MorositéAu final, en 2009, alors que le salaire moyen par tête (SMPT) n'avait que faiblement progressé (+ 1,3 %, voir graphique ci-contre), le pouvoir d'achat s'était maintenu grâce à l'absence d'inflation. À l'inverse, en 2010, le rebond salarial de presque 3 % a été freiné par le retour de l'inflation. À l'horizon de la mi-2011, le salaire moyen par tête devrait progresser de 1,7 %, à peine plus rapidement que l'inflation : « Les gains de salaires réels seraient donc faibles », prévoit l'Insee, « de l'ordre de 0,1 % par trimestre ». Une morosité qui mérite bien que les partis politiques se saisissent du sujet.
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