« On peut parler compétitivité avec les syndicats »

Laurence Parisot a été réélue jeudi à la présidence du Medef, avec 93,85 % des voix. Est-ce un vote de raison ou d'adhésion??Le résultat est sans appel. Laurence Parisot était la seule candidate à la présidence du Medef, car personne n'a présenté de projet alternatif contre elle. C'est clairement un vote d'adhésion. En amont de l'élection, l'UIMM a dialogué avec la candidate Laurence Parisot sur les réponses urgentes nécessaires pour accompagner les entreprises de manière efficace. Et ses réponses nous ont convaincus.Comment l'UIMM compte-t-elle faire entendre sa voix au cours des prochaines années ?L'UIMM a organisé une convention en mars dernier pour définir les sujets prioritaires à traiter. C'était le bon tempo, à quelques mois de cette élection. À l'avenir, nous continuerons à mettre notre expertise à la disposition du Medef, à l'instar de Jean-François Pilliard, délégué général de l'UIMM, qui préside la commission protection sociale et qui est désormais membre du conseil exécutif du Medef. Ma préoccupation, c'est l'efficacité du dispositif en place. Il faut utiliser au mieux les expertises là où elles se trouvent et veiller à ce que le système de gouvernance fonctionne bien.Quels sont les ingrédients nécessaires à un bon dialogue social??Un bon dialogue social est un dialogue social préparé. La définition de l'agenda est très importante. Il doit pour l'essentiel être arrêté par les partenaires sociaux eux-mêmes. Il faut également fixer un calendrier précis. La délibération sociale est très utile, car elle permet de trier les thèmes susceptibles de faire l'objet d'une négociation entre syndicats et patronat. Je pense également qu'il faut être ambitieux. La compétitivité, dont la présidente du Medef a fait son leitmotiv, est à mon sens un des sujets sur lesquels on peut négocier avec les syndicats et qui peut être un combat fédérateur.Les syndicats sont-ils mûrs??Ils ne sont pas réfractaires à des discussions sur ce type de sujets. Nous avons pu le vérifier dans notre branche. Au-delà de la question sur le poids des charges, le thème de la compétitivité des entreprises permet de traiter de la flexibilité, des parcours professionnels, des compétences au regard de la pyramide des âges...Êtes-vous en phase avec les positions du Medef et de la CGPME concernant le projet de loi sur le dialogue social dans les TPE qui arrive à l'Assemblée??Je partage leur position : je ne suis pas opposé à l'idée de mesurer l'audience des syndicats dans ces petites entreprises. Mais franchement, le moment est mal choisi : les chefs d'entreprise ont actuellement d'autres préoccupations, car la sortie de crise n'est pas assurée.En 2008, l'UIMM a engagé un vaste processus de rénovation interne. Celui-ci est-il achevé ?Au sein de la métallurgie, nous avons pris la décision d'augmenter de manière importante nos moyens en faveur des entreprises du secteur. Et de le faire progressivement en fonction des enjeux répertoriés comme l'attractivité de nos métiers, l'accès aux compétences ou la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Nous avons mis en place une politique ambitieuse, pour servir ces objectifs. Par exemple, le fonds Agir pour l'insertion dans l'industrie, doté de 70 millions d'euros sur cinq ans, vient d'être officiellement lancé. Il finance déjà une quinzaine de projets. Nous avons également créé le Fonds pour l'innovation dans l'industrie, doté de 20 millions d'euros et destiné à financer des projets entre les entreprises, les laboratoires et les universités. Et pour développer l'attractivité de nos métiers auprès des jeunes, nous avons initié une campagne de communication dotée d'un budget de 10 millions d'euros par an pour les cinq ans à venir. La partie formation initiale nous tient beaucoup à coeur et nous allons renouveler notre convention de coopération avec le ministère de l'Éducation nationale. Enfin, nous sommes sur le point de créer un « think tank », qui se consacrera à la compétitivité et au développement de nos industries. Au total, en termes d'investissement, nous avons multiplié par deux et demi l'ensemble de nos dispositifs.Sur le plan judiciaire, l'affaire UIMM est-elle derrière vous ?Depuis deux ans et demi, notre organisation est transparente et efficace. Nous sommes exemplaires en termes de gouvernance. J'ajoute que l'UIMM, en tant que personne morale, n'est plus mise en examen, mais a désormais le statut de témoin assisté.Sur la réforme des retraites, êtes-vous en accord avec la position de Laurence Parisot??Tout à fait. La position du Medef a été bâtie au sein de la commission protection sociale. L'UIMM a mis son expertise et sa pratique au service de l'organisation. Cela a très bien fonctionné. C'est un bon exemple de travail efficace.Une conférence nationale de l'industrie, faisant suite aux états généraux de l'industrie, doit se tenir tout prochainement. Est-ce une bonne chose??Bien sûr. La politique industrielle se construit autour d'un dispositif de filières et de secteurs, comme l'automobile ou l'aéronautique. Et le fait de généraliser cette pratique dans l'industrie est une bonne chose. Mais il ne faut pas laisser croire qu'on trouvera une solution dans tous les cas. Tout ne sera pas réglé grâce à la puissance publique.Un rapport de l'Assemblée dénonce les effets d'aubaine du crédit d'impôt recherche, partagez-vous ce constat??Pas du tout. Le crédit d'impôt recherche est une fantastique arme pour que les entreprises françaises soient compétitives, grâce à l'innovation. Il faut perfectionner ce formidable outil, qui bénéficie majoritairement aux PME.Propos recueillis par Éric Chol et Isabelle Moreau
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