Merck Serono veut être un acteur de poids dans le cancer

Perchée sur les hauteurs du lac Léman, au milieu des montagnes vaudoises, le centre de biotechnologies de Merck Serono dépasse à peine de la verdure. Il s'agit pourtant de la principale usine de production de médicaments biotech (issus du vivant) de la branche pharmacie de Merck KGaA (sans rapport avec l'américain Merck). 30 à 50 % de coûts en moinsLe groupe allemand y fabrique son plus gros produit, le Rebif, un traitement contre la sclérose en plaques (1,5 milliard d'euros de ventes l'an dernier). Mais il a investi 350 millions d'euros pour quintupler la capacité du site d'ici à 2012. Objectif : rapatrier la production mondiale de l'anticancéreux Erbitux, aujourd'hui sous-traitée à l'allemand Boehringer Ingelheim. « Cela nous permettra des économies de coûts de 30 à 50 % », explique le responsable du développement des procédés de recherche à Corsier, Stéphane Gourdon. Dans ce but, les effectifs sont passés de 200 à 420 salariés. Merck compte aussi produire dans cette usine un nouveau produit encore en phase d'essai, l'atacicept contre le lupus (maladie de peau). « Et nous aurons de la capacité pour sous-traiter les productions d'autres laboratoires », indique Stéphane Gourdon. Les usines de productions industrielles biotechs sont encore rares. La France n'en possède aucune.Deuxième produit de Merck (700 millions d'euros de revenus), l'Erbitux est utilisé dans le cancer colorectal et le cancer de la tête et du cou. Il a subi un revers de taille en novembre dernier quand les autorités de santé européenne (EMEA) ont refusé de l'homologuer dans le cancer du poumon. Merck mise pourtant beaucoup sur le cancer. Ce domaine ne représente que 14 % des ventes mais il est celui qui croît le plus vite (+ 21 % l'an dernier). « Nous pointons au treizième rang mondial mais voulons figurer parmi les leaders d'ici 2015 », assure Bruno Osterwalder, en charge du développement cliniqu e dans ce domaine. La moitié des 10 projets de phase III (la dernière avant commercialisation) du laboratoire allemand visent à traiter le cancer.Merck Serono ne semble guère inquiet de la « falaise » des brevets. Celui du Rebif (31 % des ventes) a beau expirer cette année en Europe, son statut biotech le protège, pour l'instant, de copies bon marché. « Il n'existe pas de biosimilaire [générique d'un biomédicament, Ndlr] pour ce produit », assure le président du groupe, Elmar Schnee.Et Merck ne mise pas que sur les biotechs. Le labo développe un traitement oral contre la sclérose en plaque, la Cladribine. En cours d'enregistrement en Europe et aux États-Unis, il est au ­coude-à-coude avec le Fingolimod de Novartis. « Nous devrions être les premiers à le commercialiser en Europe et les seconds aux États-Unis », pronostique Elmar Schnee. De fait, le groupe ne pourra pas se passer de nouveaux relais de croissance. Après une hausse de 6,6 % l'an dernier, les revenus augmenteront « de 0 à 7 % en 2010 ». Mais le labo peine notamment en Europe où les ventes ont reculé de 1,7 % l'an dernier.
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